Des centaines de soldats israéliens poursuivent une vaste opération militaire, dans la ville et le camp de Jénine, dans le nord de la Cisjordanie occupée ce mardi 4 juillet. Dix Palestiniens ont déjà été tués dans cette opération, la plus importante de l'armée israélienne en Cisjordanie depuis plusieurs années.
L'armée a indiqué avoir notamment «neutralisé» un puits souterrain utilisé pour stocker des explosifs à Jénine (nord). «De plus, les soldats ont localisé et démantelé deux salles opérationnelles appartenant à des organisations terroristes de la zone», a-t-elle affirmé dans un communiqué ce mardi.
«Nid de terroristes»
La ville de Jénine et le camp de réfugiés adjacent, bastion de groupes armés palestiniens, ont été visés à plusieurs reprises par des opérations israéliennes. Le nord de la Cisjordanie occupée a connu une récente vague d'attaques contre des Israéliens ainsi que des violences anti-palestiniennes de la part de colons juifs. Selon un nouveau bilan du ministère palestinien de la Santé, dix Palestiniens ont été tués et 100 blessés, dont 20 sont dans un état grave.
«Nos forces sont entrées dans le nid de terroristes à Jénine (...), elles sont en train de détruire des centres de commandement et de s'emparer d'une quantité d'armes considérable», a déclaré le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, dans un communiqué. Il s'agit d'«une guerre ouverte contre la population à Jénine», a dénoncé le ministère palestinien des Affaires étrangères. Les rues quasi désertes de Jénine sont jonchées de débris et de pierres, le bitume est éventré et la chaussée est noircie autour de barricades improvisées, a constaté un journaliste de l'AFP. Les magasins restent fermés.
«Bombardements aériens»
Les combats ont provoqué l'exode lundi soir d'«environ 3000» habitants du camp, où vivent quelque 18.000 Palestiniens, selon le gouverneur adjoint de Jénine, Kamal Abou al-Roub. Lundi, l'armée israélienne a dit avoir ciblé «une infrastructure terroriste» et un «centre d'opérations» servant de centre de commandement à la «Brigade de Jénine», un groupe armé local. Face aux frappes de drones, des Palestiniens lançaient des pierres sur des soldats israéliens, sous un ciel noirci par la fumée des explosions et des barricades en feu, a constaté un journaliste de l'AFP.
«Il y a des bombardements aériens et une invasion au sol», raconte à l'AFP Mahmoud al-Saadi, directeur du Croissant-Rouge palestinien à Jénine. Des maisons sont «bombardées» et «de la fumée s'élève de partout.» Des affrontements ont aussi eu lieu entre des soldats et des hommes armés dans une mosquée du camp de Jénine, selon l'armée, qui a dit y avoir saisi armes et explosifs. «J'ai vu les bulldozers dans le camp qui ont détruit des maisons», a confié à l'AFP, Badr Shagoul, un habitant. «Nous avons reçu beaucoup de blessés», notamment «par balles», affirme Qasem Benighader, infirmier de 35 ans à l'hôpital de Jénine: «C'est le pire raid depuis cinq ans.» Les fonctionnaires de l'Autorité palestinienne, qui administre Jénine, ont annoncé une grève générale.
«Toutes les options sont sur la table»
«Si plus de sang palestinien coule, il y aura aussi plus de sang israélien qui coulera», se désole Mahmoud Hawashin, résident du camp de Jénine. En juin, sept personnes avaient été tuées lors d'un raid israélien contre le camp de Jénine. Peu après, quatre Israéliens avaient été abattus par deux Palestiniens près de la colonie juive d'Eli (nord). «Toutes les options sont sur la table pour frapper l'ennemi», a prévenu le Jihad islamique palestinien, le chef du Hamas, Ismaël Haniyeh, dénonçant lui une opération israélienne «brutale».
Sur le front diplomatique, la Ligue arabe a annoncé une réunion d'urgence mardi. La Jordanie et les Émirats arabes unis, pays arabes entretenant des liens diplomatiques avec Israël, ont dénoncé l'opération. Washington a pour sa part dit soutenir «la sécurité d'Israël et son droit à défendre sa population». Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a exprimé sa «profonde inquiétude». Les violences liées au conflit israélo-palestinien ont tué depuis le début de l'année au moins 186 Palestiniens, 25 Israéliens, un Ukrainien et un Italien, selon un décompte de l'AFP établi à partir de sources officielles.