Les morts ne reposent pas en paix dans la wilaya de Annaba. En effet, des travaux engagés à la fin de la semaine dernière par une entreprise privée, engagée par le maire de Annaba, ont causé l'effondrement du mur de clôture du cimetière Zaghouane, et, pire, le glissement de plusieurs tombes, dont les linceuls et ossements jonchaient le sol. Malheureusement, aucune autorité n'a pu arrêter ce «massacre» au bulldozer.
Selon une vulgaire plaque du chantier, installée, hier, après la colère générale des habitants, il s’agit de «la mise en place d’une clôture pour le cimetière». Or, on a constaté sur place l’ouverture d’une piste allant jusqu’au lieudit
«Ach Ghrab» (Le nid du corbeau). Au bout de ce chemin sinueux composé d'un léger remblai, un matériau de
terrassement mis en œuvre par compactage et destiné à surélever le profil du chemin, il y a un lot de terrain.
Ce dernier est une propriété privée dont une grande partie abrite les servitudes de toute la cité avoisinante. A qui profite donc cette opération que les riverains ont qualifiée de «douteuse» ?
«Au lieu de faire une extension du cimetière, très exigu et convoité par les Annabis, on a profané ses tombes», regrettent des familles qui se préparent à ester en justice l’entreprise réalisatrice et la commune de Annaba.
Il est à rappeler que la profanation de sépultures est punie par le code pénal. L’article 60 du code pénal 09/23 décembre 2006, portant pénalisation de tout acte de profanation, punit de 5 à 10 ans d’emprisonnement assorti d’une amende allant de 20 000 à 100 000 DA pour les sépultures des martyrs assorti d’une amende de 20 000 DA et 6 mois d’emprisonnement pour les autres tombes.
Face à ce sacrilège, les réactions n’ont pas tardé. Des photos très sensibles des tombeaux détruits ont été diffusées sur les réseaux sociaux par le parti Front de la justice et du développement (FJD) d’Annaba, intimant aux autorités civiles et sécuritaires à mettre fin à ce crime contre les morts.
«Les travaux de terrassement qui y ont été effectués ont entraîné d’importants dommages aux tombes, mettant à nu des ossements subrepticement camouflés et non déclarés», lit-on dans une publication officielle du parti.
Hier, le rythme des travaux s’est accéléré, au grand dam des morts… et des vivants. A suivre