CHU de Blida : Introduction de l’orthodontie médico-légale

07/03/2024 mis à jour: 07:57
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La dent est une source d’ADN exploitable lors des identifications par empreinte génétique - Photo : D. R.

L’intérêt d’une spécialité pareille se fait de plus en plus sentir dans la mesure où elle permet d’identifier des cadavres non reconnus suite à des catastrophes naturelles ou crimes.

Lors de la première journée du service d’orthopédie dento-faciale du Chu de Blida, organisée récemment avec comme thème général «La médecine dentaire face aux nouveaux défis», les organisateurs de cet événement ont plaidé pour la création d’une nouvelle spécialité liée à l’odontologie médico-légale, une première à l’échelle nationale, apprend-on.

Pour la professeure Keltoum Messahli, chef de service de médecine légale au Chu de Blida, l’intérêt d’une spécialité pareille se fait de plus en plus sentir dans la mesure où elle permet d’identifier des cadavres non reconnus suite à des catastrophes naturelles ou crimes par exemple.

En effet, la dent présente des qualités de résistance extrême, c’est grâce à l’émail, qui représente le tissu le plus dur de l’organisme, que la dent résiste à la carbonisation, l’immersion, la putréfaction, les traumatismes par agents physiques ou chimiques, explique-t-on. Aussi, les dents peuvent résister à des températures allant jusqu’à 1000 degrés Celsius, alors que le corps cadavérique se décompose vite. «Si une personne tombe dans un liquide d’une extrême acidité, le corps disparaît à travers sa décomposition, mais les dents restent et résistent.

Et c’est à travers ces dernières qu’on pourrait reconnaître la personne, son sexe, son âge approximatif…», explique la professeure. Elle ajoute qu’on pourrait même avoir une idée sur la fonction de la victime faisant l’objet de la recherche de son identité. Elle cite l’exemple de l’abfraction dentaire qui touche, par exemple, les électriciens ou les tailleurs qui s’amusent à mettre le fil ou l’aiguille à coudre entre les dents, provoquant ainsi leur usure. Il faut dire que la dent est un marqueur individuel.

Contrairement à l’os qui subit des remaniements, la dent conserve ses caractéristiques individuelles tout au long de la vie. L’étude histologique permet ainsi d’apporter des indices discriminants et d’établir une fourchette d’âge dentaire. En étant une source d’ADN, elle est de ce fait exploitable lors des identifications par empreintes génétiques.

«Ma communication visait à démontrer le rôle essentiel de l’odontologie médico-légale corolaire incontournable de la médecine légale. Les méthodes odontologiques appliquées au domaine médico-légal permettent en effet de répondre avec efficacité et objectivité à de nombreuses préoccupations cruciales : identification des personnes, évaluation des dommages, reconstitution faciale ne peuvent se discuter avec efficience sans la collaboration d’un odontologiste médico-légal.»

Concernant le lancement de la nouvelle spécialité liée à l’odontologie médico-légale et cette volonté émanant de la clinique dentaire du Chu de Blida et du service de médecine légale du même établissement, la professeure Messahli estime que rien «ne nous empêche de commencer à initier une formation diplomante à notre niveau ou ailleurs.

D’ailleurs, le pays en a vraiment besoin. Ça peut être un diplôme universitaire, un certificat d’études spécialisé (CES) en odontologie médico-légale, une formation diplomante et qualifiante.

On commencera par la plus facile à mettre sur le terrain (certificat), en attendant de lancer la spécialité à part entière, qui nécessite l’implication des ministères de tutelle (santé et enseignement supérieur). «La formation en question, hébergée dans une institution de l’Etat et reconnue par les instances judiciaires, permettra à la personne dotée du savoir nécessaire dans le domaine de pouvoir pratiquer l’odontologie médico-légale.

La clinique dentaire et le service médico-légal du Chu de Blida sont là pour définir les objectifs de l’enseignement et de formation, les préparer, ficeler un dossier pour constituer le jalon futur de la spécialité, laquelle sera une première à l’échelle nationale», détaille la professeur Messahli.

Les différents conférenciers ont cité des cas, ici en Algérie ou ailleurs, où certaines victimes des inondations de Bab El Oued en 2001, du séisme de Boumerdès en 2003, de différents crashs d’avions n’ont été reconnues que grâce à leurs dents, puisque le reste de leur corps a été décomposé à cause des eaux, des flammes…

«En 2001, et suite à la catastrophe naturelle de Bab El Oued, notre pays a eu recours à des experts espagnols spécialisés dans l’orthodontie médico-légale. Vu son extrême importance, il est vraiment temps de lancer la formation dans cette spécialité dans notre pays», a-t-on insisté. 
 

 

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