Rudement touchés par le chômage et la précarité, les jeunes Algériens sont également confrontés à une faible scolarisation et une exclusion économique. Ce sont les conclusions d’un récent rapport sur «la transition des 15-24 ans vers la vie adulte» réalisé par Unicef Algérie et le Conseil national économique et social et environnemental (Cnese).
Le fait est, selon le rapport en question, que les jeunes sont largement plus touchés par le chômage (26%). Et même ceux qui occupent un travail, notamment dans le secteur privé, ne sont pas couverts par la sécurité sociale (88% des jeunes travailleurs ne le sont pas contre 66% pour l’ensemble de la population).
Les jeunes femmes, elles, subissent une double peine. Selon ce rapport, la présence des femmes sur le marché du travail en Algérie est parmi les plus faibles dans le monde, puisque leur taux d’activité est de l’ordre de 16,4% seulement et il est encore inférieur pour les jeunes âgées entre 16 et 24 (8,9%). Le taux de chômage de 46,9% chez les femmes âgées de 16 à 24 ans signifie par ailleurs que la moitié des femmes de cette tranche d’âge souhaite travailler, mais ne trouvent pas d’emploi. Le décrochage scolaire est l’un des faits aggravants de la situation.
L’état des lieux fait par l’Unicef montre que près d’un jeune Algérien de 16 à 24 ans sur deux n’a pas complété le cycle moyen. Le décrochage scolaire touche, par ailleurs, essentiellement la gent masculine avec un taux de 56% chez les hommes et un taux de 40% chez les femmes. Il apparaît ainsi que les jeunes hommes scolarisés à 15 ans ont des acquis inférieurs à ceux des jeunes femmes. «L’analyse est reproduite sur l’achèvement du cycle moyen, soit 9 années d’étude et il en ressort que 48% des jeunes n’ont pas achevé l’enseignement obligatoire (primaire et moyen), un taux alarmant. Cette fréquence est plus élevée en milieu rural et varie assez fortement d’un EPT à un autre», peut-on lire sur le rapport en question.
Cela semble intimement lié au niveau scolaire des parents, passant de 14,9% parmi les jeunes dont les parents ont suivi un enseignement supérieur, contre plus de 50% chez ceux dont les parents ont suivi un enseignement primaire ou n’ont pas été à l’école. Fait curieux : les jeunes bacheliers se dirigent davantage vers les filières de «sciences sociales et humaines» et des «lettres et langues», à la défaveur des filières «technologie-Sciences exactes» et celles des «sciences médicales» qui marquent un net recul.
Selon le rapport de l’Unicef, les jeunes s’orientent davantage, contraints par l’offre existante, vers l’option études supérieures, au moment où l’économie nationale a plus besoin d’une main-d’œuvre qualifiée pour évoluer vers la diversification économique. Sur le plan de la santé mentale des jeunes, le constat établi par l’Unicef est, là encore, des plus alarmants. «La mesure AVCI des troubles mentaux montre que les principales problématiques de santé mentale sont les troubles dépressifs, anxieux, l’usage de drogue, la violence, les troubles bipolaires et les suicides.
Chez les femmes, les troubles dépressifs et anxieux sont les causes principales d’AVCI, alors que pour les hommes, c’est l’usage de drogues et la violence. En règle générale, ces chiffres soulignent l’importance de traiter la santé mentale comme une priorité politique, notamment au passage à l’âge adulte.» Le fait est que les solutions politiques apportées aux questions liées à la jeunesse se sont révélées inefficaces.
Les dispositifs d’encouragement de l’emploi mis en place ont principalement conduit à une forte création d’emplois temporaires (taux de pérennisation dans le PID est de 2,8% en 2017) et une faible survie des entreprises/activités créées dans le cadre de l’Ansej.
La plupart des autres programmes – à l’instar de la santé – touchent les jeunes comme toute autre catégorie de la population et n’apparaissent pas comme une catégorie spécifique avec des besoins de santé propres.