Il y a 43 ans, le 10 octobre 1980, le centre de Chlef (ex-El Asnam) était frappé par un séisme dévastateur de magnitude 7,2 degrés sur l’échelle de Richter, le plus violent de l’histoire du pays, ayant causé plus de 2500 morts, de nombreux blessés et des milliers de sans-abri, selon les chiffres officiels.
La ville s’est néanmoins reconstruite progressivement sur l’ancien tissu urbain, avec un visage plus attrayant, et s’étale vers sa rive sud entre l’autoroute Est-Ouest et de part et d’autre du chemin de fer Alger-Oran. Du coup, l’urbanisation ne cesse de gagner du terrain, entraînant une consommation excessive du foncier et de nouvelles constructions (surtout privées), dont certaines de manière désordonnée et inesthétique autour des anciens sites de relogement des familles sinistrées du séisme du 10 octobre 1980.
D’où le rétrécissement du portefeuille foncier depuis les années 1990, du moins les terres destinées aux aménagements urbains et à la construction des logements et des équipements publics essentiels, comme c’est le cas actuellement au chef-lieu de wilaya.
Ce problème crucial constitue d’ailleurs une des préoccupations majeures des pouvoirs publics, qui ont dû initier une démarche de recensement des réserves foncières totalement assainies et destinées à l’usage public, tout en préservant les terres agricoles, les surfaces forestières et les sites naturels. C’est ce qu’a annoncé récemment le directeur de l’urbanisme, de l’architecture et de la construction de la wilaya, Abdelmoujoud Khelaifia, en marge de la célébration de la Journée mondiale et arabe de l’habitat, le 2 octobre.
En effet, tout en reconnaissant la rareté du foncier urbain à travers la wilaya, le responsable de la DUAC a indiqué «qu’en exécution des orientations des autorités centrales et locales, une enquête foncière a été réalisée avec le concours des services des domaines et du cadastre, ce qui nous a permis de dégager des terrains pour la réalisation de futurs pôles urbains sur des espaces urbanisables, dont la situation juridique est totalement assainie.
Ces derniers seront dotés des équipements publics et des infrastructures d’accompagnement nécessaires», a-t-il souligné. D’après lui, l’option choisie est de dégager des terrains pouvant accueillir de nouveaux pôles urbains plus importants, dotés de tous les équipements collectifs nécessaires à la vie urbaine, et susceptibles de devenir des pôles d’attraction pour tous les types de services et d’infrastructures d’accompagnement. La démarche s’inscrit, selon lui, dans une vision stratégique soutenue pour la maîtrise de l’urbanisation, la préservation et l’utilisation rationnelle du foncier urbain.
Selon nos informations, la prospection foncière effectuée jusque-là a permis d’identifier un grand espace urbanisable, d’une superficie de 400 hectares, dans la commune voisine de Oued Sly, et qui pourrait accueillir un vaste programme d’habitations et d’équipements publics pour la région concernée.
Il faut rappeler que la ville de Chlef, la plus touchée par le violent séisme de 1980, et les communes voisines de Chettia et de Oued Sly ont déjà connu, depuis 2010, une expérience intéressante de construction de six pôles urbains de taille moyenne, totalisant quelque 20 990 logements, tous segments confondus. La plupart d’entre eux sont fonctionnels depuis des années, à l’image des pôles de Chorfa, Bensouna et Chettia, auxquels s’ajoutent ceux d’El Hassania, Kefafsa et Oued Sly en voie d’achèvement total.
A ces ensembles d’habitation sont venus se greffer les équipements publics nécessaires ainsi qu’un pôle universitaire de 6000 places pédagogiques à El Hassania, deux hôpitaux et un centre anti-cancer à Bensouna et El Bradai, dans la commune de Chlef. Des habitants, avec lesquels nous nous sommes entretenu, se disent satisfaits des conditions de vie qu’offrent ces pôles urbains, à l’image de ceux de Haï Bensouna et de la «Zone différée», au centre-ville, qui sont considérés par beaucoup comme des projets pilotes réussis dans le domaine sur bien des plans.
Cependant, nos interlocuteurs insistent sur la nécessité de renforcer le réseau routier, relancer le projet du tramway à la périphérie sud et créer de nouvelles voies de contournement autour de la ville de Chlef. De même, ils mettent l’accent sur l’impératif d’insérer les anciens sites de logements en préfabriqué dans une stratégie de reconstruction globale et définitive de la région affectée par le violent tremblement de terre de 1980.
Ces cités d’habitation souffrent en effet d’un manque criant en équipements publics, de carence en aménagements urbains, de dégradation continue du paysage urbain et d’absence d’espaces verts. Elles ont besoin surtout, selon des aménageurs, d’une réhabilitation urbaine intégrée qui permettra de réduire la pression sur le centre-ville déjà fortement saturé.