Une banale information publiée dans le site Oued Kniss fait part de la mise en vente aux enchères de l’entreprise EATT Spa, sise à Cherchell, qui s’est tenue le 10 mai à 13h30 au tribunal de Cherchell.
La vente concerne les biens immobiliers représentés par une assiette de terrain qui avoisine 6000 m2 clôturée, une unité de production de tapis, un grand magasin, des locaux administratifs, un logement de service, le tout est bâti en rez-de-chaussée, en plus d’un étage, sur superficie de 2000 m2 environ.
Cette manufacture fabriquait des dizaines de variétés de tapis traditionnels de renommée internationale. Elle va être «assassinée».
Cette manufacture de tapis existe depuis les années. Elle avait été créée par des femmes missionnaires en 1908. Cherchell était une ville réputée par l’excellence de son tapis traditionnel qui avait été envoyé au Royaume Uni pour orner le Palais de Buckingham Palace, le train de la Reine Elizabeth.
Le tapis de l’ex-Césarée avait été offert dans le lointain passé à l’Empereur du Japon. Les institutions algériennes, en l’occurrence la Présidence de la République et le Ministère de la Défense nationale ne s’empêchaient pas d’acquérir ce patrimoine artisanal national, une fierté algérienne.
Plusieurs membres du gouvernement effectuaient des visites officielles dans cette unité, qui est devenue l’une des étapes pour les délégations étrangères lors de leur visite en Algérie.
Au fil des années, la situation de cette manufacture se délétère, après le retrait dans les années 80 des pouvoirs publics, en abandonnant ce «bijou» à des ouvriers.
L’unité de fabrication du tapis traditionnel de Cherchell par magie se transforme en parking pour les camions, les véhicules. Elle est devenue une salle des fêtes pour les mariages. Personne ne réagit, tellement la préservation du patrimoine artisanal et culturel ne fait pas partie des préoccupations des décideurs locaux.
Une enquête est à présent impérative pour stopper la dérive. Avec cette annonce surprenante, les gens se soucient d’encaisser les milliards de centimes, mais pas du tout en travaillant pour la réhabilitation du tapis cherchellois. Ils se fichent allègrement de la production des tapis et la création de l’emploi pour perpétuer la richesse locale.
L’Etat avait accordé des aides et des soutiens afin d’encourager les unités à produire deux produits de l’artisanat. La première tentative de «la disparition» de cette unité de fabrication de tapis avait été arrêtée par les anciens responsables de la wilaya, après avoir relevé des anomalies dans l’acquisition de ce bien de l’Etat.
Les dettes cumulées de la CNAS figurent parmi les causes des problèmes. Les «ouvriers-propriétaires» récidivent en ce mois de mai 2022, après le départ depuis des années des autorités de la wilaya.
Le président de la République avait déjà annoncé la volonté de l’Etat à préserver les outils de production et le patrimoine artisanal. «L’exécution de la sentence», la mise à mort de l’unité de tapis qui se trouve à l’agonie auront-elles lieu en ce mois de mai 2022 ?
Les anciennes ouvrières et mères de famille, employées de cette manufacture, dont l’effectif atteignait le nombre 300, toutes disparues, doivent se retourner dans leur tombe, après cette fâcheuse nouvelle.