Le Premier ministre a réagi ce week-end au rapport de la Banque mondiale sur la situation économique du pays et ses perspectives à l’orée de la nouvelle année. Si ledit rapport doit bien contenir en effet quelques avancées relatives dans le domaine, il n’en demeure pas moins que les contre-performances qui y sont recensées doivent non pas inciter à leur tourner le dos pour les disqualifier, mais plutôt à en faire des thèmes de débats contradictoires dans la société pour mieux défendre la cause du développement. Ne dit-on pas que «le mieux est l’ennemi du bien» ?
Qu’à cela ne tienne, les remarques sur la relance économique et les taux de croissance atoniques qui sont déterminés pour les deux prochaines années ne sont pas en effet des indicateurs qui inclinent à l’optimisme en matière de création d'emplois et d’amélioration du pouvoir d’achat des ménages qui n’est que trop fragilisé.
A moins que les chiffres de la Banque mondiale, dans ledit rapport, soient totalement erronés aux yeux de l’Exécutif. Dans ce cas, l’opinion gagnerait à être édifiée sur les vrais chiffres donnés par cette institution internationale qui, faut-il le préciser, s’inspire le plus souvent de ceux fournis par les institutions nationales.
A titre d’exemple, le montant des 50 milliards de dollars d’importations pour l’année 2021, avancé par la BM dans ses analyses, s’appuierait aussi sur les sources de la Banque d’Algérie. Le graphe dont il s’agit et qui est porté à la connaissance du public prend le soin de souligner qu’il est établi sur la base des infos de la Banque d’Algérie et de la Banque mondiale.
Le gouvernement doit se montrer plus ouvert en matière de statistiques économiques et sociales. Cette réclamation est pourtant récurrente de la part tant des utilisateurs que de l’opinion publique en général.
Dans le cas d’espèce, le montant des importations, qui est évalué par le Premier ministre et également ministre des Finances, à 33,8 milliards de dollars à fin décembre de l’année écoulée, ne peut laisser indifférent tant il s’agit d’une différence de plus de 16 milliards de dollars entre les deux estimations. Vraisemblablement, un tel écart de niveau ne peut être le résultat de choix d’outils techniques de calcul. Qu’y a-t-il au juste ?
Le moins auquel on doit s’attendre est que l’une comme l’autre des parties se doivent d’apporter un éclairage sur le sujet. Il y va en effet de la crédibilité de tout le rapport de la BM, qui contient une floraison de chiffres à la fois sur le registre de l’économie et du social.
Que dire, par exemple, du montant des exportations hors hydrocarbures qui a atteint l’année écoulée pas moins de 4,6 milliards de dollars ? Faut-il tout remettre en cause ou y a-t-il, au contraire, à prendre et à laisser ?
Quant au reste, il est connu que l’information statistique en Algérie reste anachronique quand elle existe et est entre les mains de l’Exécutif. Il faudrait, absolument, que ce chantier auquel toutes les parties de la société appellent de leurs vœux soit un outil accessible à tous les utilisateurs en temps voulu. Un organisme indépendant serait le mieux indiqué.
Voilà un des chantiers urgents auquel doit s’atteler le gouvernement s’il ne veut pas entamer toute sa crédibilité en matière de réalisations dont il veut faire montre, quand ses contradicteurs semblent avoir découvert le pot aux roses.