La thématique de la lutte contre le changement climatique a été au cœur du récent déplacement à Oran de l’ambassadeur de Suède, Bjorn Haggmark, qui a pris le temps de répondre à un grand nombre de questions posées par des élèves issus de deux établissements scolaires d’Oran, l’un privé, l’autre public.
C’était, pour ce cas précis, à la suite de la projection dans l’après-midi du film I Am Grta de Nathan Grossman et consacré à sa compatriote, la militante écologiste Greta Thumberg (fille d’un acteur et d’une chanteuse lyrique).
La Suède assure en ce moment la présidence tournante de l’Union européenne et c’est aussi dans ce cadre que la projection a eu lieu à l’Institut français en présence du directeur d’une autre instance culturelle d’un autre pays européen, l’Institut Cervantès d’Espagne.
Le film retrace le parcours de cette adolescente qui, à 15 ans à peine, a entamé, toute seule devant le Parlement de son pays, une action de protestation pour dénoncer l’inertie des politiques face au réchauffement de la planète avec l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre et le risque que les dégâts causés aussi par les autres facteurs comme la déforestation (pour l’exploitation du charbon en Allemagne ou pour récupérer des terrains pour l’agriculture intensive au Brésil) n’entraînent une dégradation progressive mais irréversible de la vie sur terre compromettant l’avenir des générations futures.
Elle est montrée comme étant consciente des enjeux car son discours est d’abord et avant tout destiné aux pays riches qui, pour elle, doivent donner l’exemple, en reconnaissant que les populations pauvres de la planète ont droit à leur part de développement mais aussi en remettant en cause la course effrénée vers la croissance économique érigée comme un dogme et l’esprit de compétition imposé dans ce cadre-là, symbole de prédation et qui se fait toujours au détriment des plus vulnérables, comme ce fut le cas lors des épisodes de colonisation et d’esclavage.
Adulée pour son courage et son impertinence, elle est également la proie de critiques acerbes de la part des climato-sceptiques, venant même parfois de certains chefs d’Etats de l’époque. Nous sommes toujours en 2018 lorsqu’elle a entamé son action du vendredi pour la planète qui allait devenir un symbole fort, notamment après son discours à la Conférence de Katowice (Pologne) sur les changements climatiques (Cop 24).
Son militantisme ne fait pas l’unanimité, elle le sait mais elle ne baisse pas les bras. Invitée en 2019, pour intervenir au sommet des Nations unies sur l’action climatique, elle a refusé de se déplacer par avion pour accepter d’effectuer le voyage à bord d’un voilier, moderne mais voilier quand même. Elle n’est cependant pas dupe et elle sait que ce genre d’actions et par extension tous les petits gestes recommandés un peu partout en faveur de l’environnement ne constituent pas la solution pour sauver la planète.
«La Suède a pris des engagements à court et à moyen termes (pour 2030, 2045 etc.) mais, comme partout ailleurs, la crise du Covid et l’inflation qui s’en est suivi rend difficile l’accomplissement des tâches prévues dans ce cadre-là», nous indique le diplomate suédois en marge de la projection, précisant que les débats au parlement se poursuivent et parfois de manière houleuse.
Lui-même, comme pour donner l’exemple, a dit avoir effectué le voyage entre Alger et Oran par train. Certaines questions posées par les élèves ne trouvent pas de réponse à savoir si l’action de sa compatriote, malgré toute la sympathie dont elle bénéficie de part le monde, peut ou pas donner des résultats.
«C’est la conjugaison des efforts de tout le monde qui est préconisée», leur a-t-il répondu. Le programme du reste de la journée a compris une démonstration gastronomique de récupération (éviter le gaspillage alimentaire) effectuée par des élèves de l’école d’hôtellerie ESHRA d’Oran et une soirée dédiée à «l’écologie culturelle» suivie d’une partie musique et poésie.