Le G20 a intégré officiellement, hier, l’Union africaine (UA), une des premières annonces concrètes du Sommet à New Delhi des dirigeants de ce club des plus grandes économies mondiales.
«Cette adhésion pour laquelle nous nous sommes mobilisés offrira un cadre propice pour amplifier le plaidoyer en faveur du continent et pour son efficace contribution à relever les défis mondiaux», s'est félicité le président de la Commission de l'UA, Moussa Faki Mahamat, dans un message sur le réseau social X (ex-Twitter). Etablie à Addis-Abeba, capitale de l'Ethiopie, l'UA totalise trois mille milliards de dollars de PIB.
Le continent n'était, jusque-là, représenté au G20 que par un seul Etat, l'Afrique du Sud, dont le président Cyril Ramaphosa s'est dit «ravi» de la place offerte à l'UA. L'entrée de l'Union africaine au G20 va offrir «une voix et une visibilité» à l'Afrique, continent qui affiche, aujourd'hui, «la croissance la plus rapide», et lui permettra de faire valoir ses intérêts et ses points de vue au sein de l'instance, s'est félicité, hier, le président kényan William Ruto.
«En tant que continent, nous nous réjouissons de faire davantage avancer nos aspirations sur la scène mondiale, en utilisant la plateforme du G20», a aussi réagi sur X la présidence du Nigeria, également invitée à la réunion de Delhi. L'Inde a affiché sa volonté d'être, pendant sa présidence du G20, le porte-voix pour «les besoins des pays du Sud».
Exit la question de l’intégration de l’Union africaine qui a vraiment fait consensus, le G20, profondément divisé sur le pétrole, a échoué, par contre, à appeler à une sortie des énergies fossiles. Il a soutenu, néanmoins, pour la première fois un triplement des renouvelables d'ici 2030 : une «lueur d'espoir» pour les uns, un «strict minimum» pour les autres, à trois mois de la COP28.
L'avenir des énergies fossiles, cause essentielle de la crise climatique de plus en plus sévère, est cette année au cœur des négociations internationales devant culminer en décembre à la 28e Conférence climat des Nations unies à Dubaï. Une sortie des énergies fossiles sans captage de CO2 («unabated») est d'ailleurs jugée «indispensable» par le premier bilan d'étape officiel de l'Accord de Paris, publié vendredi par l'ONU Climat. Et le G7 en a approuvé le principe au printemps, certes sans calendrier.
Mais au terme du sommet du G20, qui représente 80% des émissions mondiales de gaz à effet de serre (Etats-Unis, France, Japon, Indonésie, Brésil...), la déclaration finale se contente d'appeler à «accélérer les efforts vers la réduction de la production d'électricité à partir de charbon», ce qui exclut le gaz et le pétrole, et de réaffirmer l'engagement à «réduire et rationaliser, à moyen terme, les subventions pour des usages inefficaces des énergies fossiles», comme à d'autres sommets auparavant. Le G20 s'oppose aussi sur l'avenir du pétrole, avec de grands producteurs comme l'Arabie Saoudite très réticents sur le sujet.
Les dirigeants du G20 réunis à New Delhi reconnaissent, toutefois, que la limitation du réchauffement à 1,5°C, objectif le plus ambitieux de l'Accord de Paris, «nécessite une réduction rapide, forte et soutenue des émissions de 43% d'ici 2030 par rapport à 2019», conformément aux recommandations du Giec (Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat de l'ONU).
Et ils «notent» qu'un pic des émissions doit être atteint d'ici 2025. Une réduction des énergies fossiles figure, toutefois, dans les ambitions du président de la COP28 : Sultan Al Jaber, en même temps patron de la compagnie pétrolière nationale émiratie Adnoc, qui a lui-même jugé leur nette réduction «inévitable et essentielle», une fois bâti, cependant, le système énergétique propre du futur, répète-t-il toujours.
Sur ce sujet, il est notable que le G20 affirme pour la première fois qu'il «poursuivra et encouragera les efforts visant à tripler les capacités en matière d'énergies renouvelables» d'ici 2030, un objectif qui semble, désormais, à portée de main pour un consensus à la COP28. «Il s'agit d'une avancée significative et surprenante de la part du G20», s'est félicitée Aditya Lolla, du groupe de réflexion sur l'énergie Ember, saluant «un grand revirement de la part de l'Arabie Saoudite et de la Russie». Autrement dit, l’espoir de voir émerger un monde plus respectueux de l’environnement est toujours permis.