Le Centre de recherche en langue et culture amazighes (CRLCA), division civilisation amazighe, a réuni, hier, une vingtaine d’universitaires et passionnés autour d’un colloque national pour débattre du thème des symboles berbères dans la société contemporaine, ainsi que les voies et outils de préserver et de valorisation cet héritage culturel.
Ainsi, lors de cet événement, plusieurs communications ont été développées par des chercheurs venus de diverses universités, notamment, de Béjaïa, Tizi Ouzou, M’sila, Batna, Biskra et de Tamanrasset, au tour de l’intitulé du colloque : «Les symboles berbères : un patrimoine entre perdition, transition et valorisation.» Pr Guenfissi Hayette, professeur à l’université de Béjaïa, au département de sociologie et néanmoins directrice du projet, a indiqué que ce thème est le fruit de plusieurs années de travail de terrain, dans le cadre d’une synthèse de magister, que nous avons estimé nécessaire de vulgariser et de partager avec le public, du fait de la menace de disparition qui pèse sur ce patrimoine culturel. «Les symboles berbères sont un patrimoine en perdition.
Le fait qu’il a été négligé, sous l’effet de la mondialisation et des technologies nouvelles, nous a interpellés», dira d’emblée Pr Guenfissi. Elle a souligné à ce propos la «nécessité d’une prise en charge urgente, à la fois par le gouvernement à travers l’instauration des programmes télévisés afin de vulgariser ce que nous avons comme patrimoine, d’encourager les associations afin de travailler dans le sens à ce que la société se réapproprie ce patrimoine pour le réhabilité, et ce, et d’inculquer aux jeunes générations la signification et la portée significative de ses symboles amazig».
Pour ce faire, il est important, estime-t-elle, «d’établir un inventaire où les symboles seront rassemblés et recenser. La valorisation de ce patrimoine peut représenter un atout pour l’économie nationale et le tourisme en faisant découvrir l’Algérie à travers ses symboles».
Car explique-t-elle, ces symboles ne servent pas uniquement à la décoration. «Ils assurent un rôle d’identification permettant à la société berbère, algérienne de se démarquer des autres sociétés ayant un patrimoine distinctif particulier.
Cela dit, nous partageons plusieurs symboles avec les autres sociétés et régions, mais rien que le fait de changer la combinaison de ces symboles peut être un marqueur de distinction entre les localités, les régions et entre une personne et une autre.» Le classement de ce patrimoine dans le programme de l’Unesco, selon les intervenants, est de nature à le protéger.
La valorisation et la protection de ce patrimoine sont le rôle du gouvernement, des centres de recherche et des médias ainsi que des associations, conclut-elle.
De son côté, le directeur du CRLCA, Mustapha Tidjet, a souligné à l’ouverture du colloque l’importance des symboles dans la culture amazigh. «Non seulement, ils rassemblent les peuples, les symboles participent à la construction de l’identité et la culture amazigh.
Dans notre société contemporaine, les symboles sont menacés de disparition du fait de la modernité, d’où l’impotence de cette rencontre.» Pour sa part, Dr Kamel Medjdoub, chercheur au CRLCA, a assuré que «les actes de cet important colloque seront publiés dans le prochain numéro de la revue du centre. Ça sera un numéro spécial dédié au thème de ce patrimoine qui est les symboles amazighs».
A noter que durant ces deux jours de travaux, les participants dérouleront plus de vingt communications ayant pour thème, entre autres, le tatouage, comme un code de communication chez la femme, les tatouages berbères entre culture et interdit et l’influence de la prise de conscience religieuse, les symboles et motifs dans le bijou et divers supports ancestraux, dans l’ornement, sémiologie visuelle et textuelle de la fibule chaouie dans l’acte de communication, entre autres conférences.