Célébration du nouvel an amazigh 2975 : Un hymne à la solidarité à Tlemcen

12/01/2025 mis à jour: 15:26
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Un carnaval qui devient une réaffirmation de l’identité amazighe - Photo : D. R.

2975. Tlemcen est au rendez-vous pour perpétuer la tradition, particulièrement Beni Snous, dans le sud de la wilaya, qui célèbre depuis la nuit des temps Yennayer, avec ce plus : le carnaval d’Ayred.

C’est une pratique pédagogique qui préserve la dignité des familles nécessiteuses, aussi lorsque l’on reçoit de la nourriture dans un cadre festif, c’est comme si on gagnait à un jeu et, donc, on n’a pas cette impression d’avoir fait de la mendicité. D’ailleurs, personne ne sait qui a donné, puisque les donneurs sont masqués», précise d’emblée Ali Abdoun, comédien et metteur en scène, originaire de la région.

Cette année, comme les précédentes, le Nouvel An amazigh 2975 est fêté dans la communion et l’esprit du partage. Béni Snous, contrée de savants illustres, composée de douze hameaux, dort sur des vestiges datant de 12 siècles. Une civilisation dont les habitants sont toujours imprégnés. «Nous sommes une des rares populations au Maghreb à fêter encore Ayred (le lion en berbère zénète) et le calendrier berbère
Retour en arrière : 950 avant Jésus-Christ, Chachnak, Berbère, sort victorieux d’une bataille contre Ramsès et se voit intronisé pharaon.

Une reconstitution célébrée tous les ans avec la même ferveur et la même passion. Mais en fait, qu’est-ce que Ayred ? En plus des victuailles, les habitants, réunis en groupes de neuf personnes, toutes déguisées avec des masques représentant des animaux, passent d’une maison à l’autre. Le lion est tiré à l’aide d’une chaîne. Le guide, accompagné de ses acolytes, muni d’un drapeau, frappe aux portes des maisons.

Au cas où le ou la propriétaire n’ouvre pas, les participants entonnent : «La jarre est cassée et la maîtresse de maison est répudiée.» Si la porte est entrouverte, le lion entre, suivi de ses compagnons au son de la «ghaïta» (sorte de flûte) et du «bendir» en chantonnant : «Ouvrez vos portes, nous sommes venus !» Le lendemain, les rôles joués par les différents protagonistes ne sont pas dévoilés.

Sûrement par souci de pudeur, de discrétion… Mais au fond, tout cela n’est qu’un jeu. La morale de ce carnaval, c’est la solidarité, parce que la tournée nocturne du groupe déguisé consiste à récolter des fruits, des légumes et de l’argent qui seront distribués aux nécessiteux de la région.

Une fête que les Snoussis partagent, chaque année, avec la population de Tlemcen, en l’associant aux spectacles dans la rue Un théâtre en plein air, une mémoire dépoussiérée et une histoire perpétuelle qui confortent les autochtones dans leurs croyances, conviction et identité… «Ayred est un acte identitaire qu’il faut sauvegarder et pérenniser !» estime M. Abdoun. 

 

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