Cela fait deux ans depuis que le président Saïed a mis en place un régime présidentiel : Les Tunisiens optimistes malgré la crise

24/07/2023 mis à jour: 06:53
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Une large majorité des Tunisiens continue à soutenir Kaïs Saïed et sa décision de contrôler tous les leviers du pouvoir

Constat paradoxal en Tunisie avec la quasi-majorité de la population qui ne grogne pas spécialement malgré la grave crise socioéconomique.

Pourtant, la Tunisie d’aujourd’hui et depuis plusieurs mois, ce sont les longues files devant les boulangeries, c’est aussi l’absence de produits nécessaires comme le sucre, la farine, le café ou le riz sur les rayons des grandes surfaces, sans parler de la cherté insupportable de la vie, notamment pour les fruits et légumes.

L’inflation flirte avec les 10%. «Les lobbies sont derrière ces pénuries ; ils veulent préserver leurs avantages indus ; ils cherchent à saboter les réformes du président Saïed en dressant la population contre lui», assure Leila, fonctionnaire, la quarantaine et mère de trois enfants. 

Leila traduit une impression dominante qui dit que «les nouvelles mafias bâties en Tunisie après 2011 ne veulent pas lâcher prise et c’est ce qui explique les pénuries actuelles». 

L’avis de Leila est dominant chez une grande partie du peuple, qui hait la classe politique de l’après-2011.

Du côté des intellectuels et de la société civile, la grogne naissante juste après le 25 juillet 2021, quand le président Saïed a suspendu les activités du Parlement et limogé le gouvernement dont il est issu, a disparu progressivement. La quiétude est revenue et la nouvelle assemblée élue en décembre 2022/ janvier 2023 est entrée en action.

La Tunisie a ainsi repris son mode de gouvernance, plutôt présidentialiste, comme ce fut le cas sous les régimes de Bourguiba et Ben Ali. Par ailleurs, les multiples arrestations opérées depuis fin 2022 et début 2023 dans le cadre d’affaires touchant à la sécurité de l’Etat, n’ont pas provoqué les réactions attendues.

Le président d’Ennahdha, Rached Ghannouchi, président du Parlement dissous, et Ali Laareyedh, ex-chef de gouvernement, figurent pourtant parmi les personnes arrêtées. 

«Je ne m’attendais vraiment pas à ce que l’arrestation de Ghannouchi ne provoque pas de réaction dans la rue ; la classe politique avait clairement donné du poids démesuré aux islamistes», remarque le chroniqueur Abdelaziz Mezoughi, en ajoutant que «même les puissances étrangères ont fini par admettre que cette opposition à Saïed n’a pas de véritable poids dans la rue, si l’on juge par les quelques centaines descendant dans les rues lors des manifestations auxquelles a régulièrement appelé le Front de Salut». Le président Saïed est désormais l’unique maître à bord.

Si le terrain politique est quasiment acquis au président Saïed en Tunisie, deux ans après le 25 juillet 2021, la situation économique et financière lui fait des tracas énormes, surtout en l’absence d’un accord avec le Fonds monétaire international (FMI).

La Tunisie est sur le bord de la cessation de paiement, selon la délégation de l’Union européenne, conduite par la présidente de la Commission Ursula von der Leyne, accompagnée des présidents de gouvernement, l’Italienne Georgia Meloni et le Hollandais Mark Rutte.

Bilan

La délégation de l’UE est venue en Tunisie le 11 juin et revenue dimanche 16 juillet pour signer un mémorandum. La Tunisie est parvenue à imposer son point de vue de dissocier l’accord avec l’UE de celui avec le FMI. C’est un point à l’actif du président Saïed et de son équipe surtout que le litige avec le FMI porte sur des questions de choix souverains comme le niveau de subvention des carburants ou la mise à niveau des entreprises publiques.

Le dernier accord avec l’UE a permis d’améliorer l’image du Président Saïed à l’échelle internationale, puisqu’il y a eu référence, dans le Mémorandum, au refus de la Tunisie d’être une terre d’asile ou de transit pour les migrants subsahariens irréguliers.

La Tunisie sera aujourd’hui présente au Sommet de Rome sur la migration pour défendre les intérêts des pays du Sud. C’est un bon point en attendant une issue honorable au dossier de l’énergie verte, qui pourrait, à moyens termes, réduire le déficit énergétique de la Tunisie.

«Avec Saïed, c’est la première fois qu’un Président du Sud parvient à avancer d’égal à égal avec les Européens. Bravo !» assure Khalifa Chibani, ex-porte-parole de la Garde nationale et chroniqueur sur Diwan Fm. Le Président Saïed commence à traiter les grands dossiers de la Tunisie.

Tunis 
De notre correspondant  Mourad Sellami

Prêt de l’Arabie de 500 Millions de dollars aux conditions préférentielles

La Tunisie est parvenue à obtenir un prêt de cinq cent millions de dollars de la part de l’Arabie Saoudite, sur instruction du roi Salmane Ibn Abdelaziz. Le prêt a été octroyé à des conditions préférentielles et à court terme. Les 500 millions de dollars aideraient à couvrir le déficit budgétaire de la Tunisie et honorer les échéances 2023 du pays. 

M.S.

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