En toute légitimité se pose la question de l’après-Sommet arabe, de ce que le président de la République, auréolé de son succès diplomatique, aura à entreprendre au plan de sa politique interne. Abdelmadjid Tebboune a déjà à son actif la réussite des Jeux méditerranéens et la réconciliation avec la France macronienne au profit des deux pays, notamment économique et humain. Les Algériens ont été particulièrement sensibles à l’appui de l’Algérie apporté à la cause palestinienne, notamment en œuvrant pour la fin des hostilités entres les diverses factions. Israël, qui a longtemps tiré des dividendes des divisions, voire des affrontements entre elles, devra reconsidérer sa politique d’annexion et de répression, d’autant que le Sommet arabe a pris l’engagement de la contrer. D’une manière générale, le chef de l’Etat a gagné une reconnaissance internationale dans la conduite de la diplomatie algérienne axée principalement sur le non-alignement positif et l’encouragement du dialogue. Pour autant, il est attendu de lui, au niveau interne, qu’il fructifie ce capital par des initiatives fortes visant à dénouer la crise politique interne, une demande maintes fois exprimée autant par l’opposition que par la société civile. La première voudrait que soit respecté le droit constitutionnel des partis opposants à mener normalement leurs activités, sans interdits ni rétrécissements et que leurs leaders et militants soient épargnés de toute poursuite policière ou judiciaires, dès lors qu’ ils agissent pacifiquement. Le second souhait est que le chef de l’Etat devrait relancer son projet politique de «main tendue» et de «détente» jusque-là dans les tiroirs, en le crédibilisant, comme préalable, par la libération des détenus politiques ainsi que la suppression, le gel ou la reformulation de l’article 87 du code pénal qui permet la poursuite de faits qui peuvent relever de la pratique de l’exercice de la liberté d’expression ou de rassemblement pacifique. Outre son caractère humanitaire, la libération des prisonniers politiques serait un geste fort en direction de toute la société algérienne qui y verrait une volonté de faire tourner une page au pays en rectifiant les erreurs et les injustices passées. C’est le bon moment pour une «main tendue» et pour la «détente politique», toute l’Algérie en sortira grandie : l’opposition sera confortée dans son rôle constitutionnel et la justice retrouvera sa fonction de régulateur objectif de la société et de la vie politique. Le Parlement assumera pleinement sa vocation de contrôle de l’Exécutif et de la vie publique qui s’est effilochée au fil du temps et des pesanteurs politiques. Année du soixantième anniversaire de son indépendance fêté avec faste et honneur, 2022 devrait s’achever par un message d’espoir en direction d’une population qui mérite tout le bonheur du monde .