Lundi dernier, le résidant de la Banque mondiale (BM) pour l’Algérie a loué les performances de l’économie du pays, en dépit, selon lui, d’un contexte mondial difficile. Répondant à une question relative aux objectifs cités par les autorités du pays d’atteindre un PIB de 400 milliards de dollars à l’horizon 2027, il affirmera que cela est «possible».
L’information statistique reste l’un des plus vastes chantiers entamé par l’Algérie ces dernières années, notamment par l’entremise du nouveau calcul des comptes économiques du pays. A commencer par la revalorisation du produit intérieur brut (PIB), indice majeur mesurant annuellement la richesse nationale d’un pays.
Le calcul du PIB a en effet été revu et corrigé pour le porter à des niveaux supérieurs. C’est dans le projet de loi de finances 2024 que ce travail a été officiellement dévoilé pour la première fois, outre les déclarations liminaires des autorités sur le sujet. Le PLF de cette année a ainsi inscrit le nouveau montant du PIB 2022. «Il y a lieu d’indiquer que le produit intérieur brut (PIB) a été réestimé et revu pour l’année 2022, sur la base des travaux de rebasage des comptes économiques, menés par les services de l’Office national des statistiques (ONS), en prenant comme année de base l’année 2001 au lieu de l’année 1989», note le texte de loi.
On explique ainsi que «le rebasage a permis d’ajuster la valeur courante du PIB en 2022, qui s’est répercutée sur les perspectives des années 2023 à 2026». Et de préciser qu’«il est passé de 27 688,9 mds de dinars (base 1989) à 32 028,4 mds de dinars (base 2001), soit 233,4 mds de dollars». Ce travail devrait surtout se poursuivre puisque l’opération sera recommencée deux autres fois.
Travail fastidieux
Ces travaux de rebasage consistent donc à reconstituer les nouvelles données économiques en prenant comme année de base l’année 2001 au lieu de 1989, dans une première étape, l’année 2011 en seconde étape et 2022 en troisième tape.
L’on cite à ce propos le comportement des secteurs institutionnels, le changement structurel de l’économie nationale, l’émergence de «nouveaux phénomènes», – pas si nouveau que cela –, comme avoir une meilleure appréciation du secteur informel. L’estimation des PIB a été effectuée en tenant compte du rebasage des comptes économiques en «réalisation». Idem pour les années 2024, 2025 et 2026.
Ainsi, selon les projections fournies, la croissance devrait atteindre, a-t-on noté alors, 4,2% en 2024, 3,9% en 2025 et 4,0% en 2026. Lundi dernier, le résident de la Banque mondiale (BM) pour l’Algérie a loué les performances de l’économie du pays, en dépit, selon lui, d’un contexte mondial difficile.
Répondant à une question relative aux objectifs cités par les autorités du pays d’atteindre un PIB de 400 milliards de dollars à l’horizon 2027, il affirmera, selon l’APS, que cela est «possible». «Nous avons de nombreux indicateurs qui peuvent permettre d’atteindre cet objectif dans deux ans. 2026 pourrait être l’année de décollage et d’aller vers un autre pallier de développement économique», a-t-il indiqué.
Soit. Mais tout ce travail fastidieux de redéfinition des comptes nationaux devrait, selon toute logique, dévoiler nombre de statistiques sociales dont le pays a grandement besoin pour mesurer les avancées, ou les retards, en la matière. Au premier desquels on devrait citer d’ores et déjà le taux de chômage. Ce dernier reste en effet méconnu du public.
Les dernières statistiques en la matière le situent à près 15%. C’est la même Banque mondiale qui a fait état, dans son dernier rapport de suivi de la situation économique en automne 2022, des indicateurs disponibles du marché de travail en Algérie. Selon la BM, «le nombre de demandeurs d’emploi inscrits a atteint plus de 4 millions en mars 2022, soit environ 14,4% de la population en âge de travailler». L’évolution de l’emploi en Algérie a-t-il atteint son niveau de pré-pandémie ?
En tout cas, dans le rapport cité ci-dessus, la BM a attiré l’attention sur le fait que ce niveau n’a pas été atteint en dépit de quelques améliorations. En somme, les statistiques restent ce vaste chantier ouvert par les autorités et qui n’est encore qu’à ses débuts. Le ministre des Finances a récemment exprimé le besoin de l’Algérie en la matière auprès de la BM.