Caisse de retraite française : Le bluff des faux centenaires algériens élucidé

17/04/2024 mis à jour: 02:50
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Ainsi donc, l’odieuse campagne de calomnie lancée par l’extrême droite sur des rumeurs infondées n’était que mensonge. Les vieux retraités algériens ne sont pas massivement des fraudeurs à l’assurance retraite française et ne perçoivent pas indûment leurs pensions jusqu’à 100 ans et plus.

 Cette intox, relayée et amplifiée par des canaux inamicaux, des hommes et femmes politiques aux intentions racistes, que nous ne nommerons pas ici, participait à salir la réputation des Algériens. 

Elle affirmait notamment que le décès de «milliers» de retraités vivant en Algérie n’était pas déclaré et que la caisse de retraite continuait ainsi de servir les pensions à des centenaires certainement plus de ce monde. L’information erronée avait gangrené tous les médias, même les plus modérés. Un petit extrait significatif publié en 2019 et revu en 2022 sur capital.fr, réputé site sérieux : «Notre grand voisin du Sud serait devenu le repaire de milliers d’éternels retraités, dont la famille ne déclarerait jamais le décès afin de continuer de percevoir les pensions venues de France.» Ou encore : «Mais ce dont on est sûr, c’est que 1,25 million de retraités de la Sécu vivent à l’extérieur de nos frontières, dont près de 40% au Maghreb. Et que le total des prestations qui leur sont versées chaque année atteint 6,5 milliards d’euros par an.»


SEULEMENT 1000 RETRAITES CENTENAIRES ET 370 CAS LITIGIEUX

Hier, le directeur général de la Caisse nationale d’assurance vieillesse (Cnav), Renaud Villard, a pulvérisé la mystification. «Il y avait un double fantasme», indique-t-il, «faire croire qu’il y avait des ‘‘centaines de milliers’’ de faux centenaires algériens» qui toucheraient frauduleusement leur retraite malgré leur décès. La Cnav a donc affecté deux agents chargés d’un minutieux contrôle au consulat d’Alger. Fruit d’un patient et coûteux travail de vérification, l’organisme estime ainsi que 2000 personnes de plus de 95 ans ont été contrôlées, «pour prouver qu’elles étaient bien vivantes». 370 ne sont pas présentées, indique le quotidien français de centre droit L’Opinion. 

Ce qui est toujours trop mais bien loin des trompettes rugissantes des xénophobes de tout poil. La Cnav assure du reste que le versement de leur pension a été suspendu. «L’objectif, écrit le journal, est désormais de faire pareil avec les 31 000 personnes âgées de plus de 90 ans», pour vérifier qu’elles sont réellement en vie. La Cnav annonce aussi que tous les quatre ans les personnes assurées devront apporter une preuve de vie vérifiable.


L’INSTAURATION D’ÉCHANGES AVEC LES ÉTATS CIVILS NATIONAUX

Par ailleurs, la Cnav veut étendre avec l’Algérie directement les échanges automatiques d’informations avec l’état-civil «pour être alertée en cas de décès du bénéficiaire d’une pension». Ces échanges existent déjà avec des pays dont les ressortissants ont fait partie des vagues d’immigration dans les années 1970-80, comme le Portugal, l’Italie, l’Espagne, ou même l’Allemagne ou la Belgique. Ils seront étendus à la Pologne, au Royaume-Uni ou encore au Danemark…

Devant les critiques de sa gestion, la Cnav a développé ses contrôles pour l’ensemble des retraités pensionnés français ou étrangers. En faisant des contrôles aléatoires sur 5000 dossiers triés, seuls 200 ont été jugés suspects et une dizaine de cas ont été jugés frauduleux. 

Cela donne un taux de fraude de 0,3%. Sauf que cette vérification coûte à la Cnav près d’un million d’euros par an, estime le directeur général de l’établissement public. Peut-être devrait-il demander un dédommagement à tous les médias qui n’ont cessé de répandre des médisances.

France 
De notre correspondant  Walid Mebarek

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