Responsable technique à l’entreprise Cosider dans la wilaya de Constantine, chargé du suivi des travaux du viaduc Salah Bey, Ali Benhamida a pris attache avec El Watan pour dénoncer ce qu’il qualifie de pratiques illégales menées à son encontre par ladite société.
Ce cadre technique affirme avoir subi des représailles de tout genre de la part de la direction, après avoir dénoncé «des malversations préméditées pour un détournement des deniers publics». Tout a commencé, selon ses dires, lorsqu’il a refusé de signer des attachements et des factures d’un sous-traitant chargé des études. Ce sera le début d’un conflit qui l’opposera à ce dernier.
Dans des lettres adressées au PDG de Cosider et dont El Watan détient une copie, Ali Benhamida soutient avoir été menacé de mettre fin à ses fonctions par ce bureau d’études, vu ses relations «dépassant même le PDG de Cosider-Géotechnique».
«Suite à mes différentes réponses pertinentes aux écrits non pertinents du sous-traitant, qui ont causé le mécontentement de ce dernier allant jusqu’à me menacer, et suite à ces menaces et intimidations, j’ai informé M. le PDG de Cosider par le biais de son assistant à plusieurs reprises sur l’incompétence caractérisée de ce BET et son manque total d’expérience pour mener ce genre d’études et que le projet va connaître un arrêt total avec ce BET, chose qui a été confirmée sur le terrain», a noté Ali Benhamida.
Après des réunions avec le bureau d’études, Benhamida affirme avoir été interdit de répondre aux écrits du concerné. Mais il soutient qu’il avait alerté le PDG de Cosider par des lettres datées du 1er et du 6 janvier 2022. Il s’agissait d’un compte rendu sur le dossier du sous-traitant chargé des études expliquant dans les détails «les défaillances révoltantes du BET».
Ali Benhamida précise : «J’ai reçu une convocation pour comparution devant la commission ad hoc créée par décision n° 047/DG/2022 pour noircir et non éclaircir les points cités dans les correspondances. Parce que les points soulevés sont très clairs, sur la conception et l’exécution catastrophique du contrat avec détournement prémédité de deniers publics.»
Selon ses dires et ses écrits, dont El Watan détient une copie, Ali Benhamida soutient que «le fait d’avoir dénoncé l’incompétence caractérisée du bureau d’études, les incidences financières et le déficit causé par un contrat très mal conçu avec toutes les absurdités qui en résultent, l’exposera par la suite à des représailles de la part de l’administration, avant de faire l’objet d’un questionnaire suivi d’une suspension de huit jours».
LE DRH DE COSIDER APPORTE SA VERSION
Afin d’avoir la deuxième version des faits, nous avons contacté Abdeldjabar Djaadi, directeur des ressources humaines (DRH) de Cosider-Géotechnique.
Ce dernier n’a pas nié le fait que Ali Benhamida, un retraité recruté durant quelques mois par Cosider, leur a adressé des lettres de dénonciation.
«Systématiquement on a créé une commission, comptant un représentant des travailleurs, et on l’a dépêchée sur site pour mener une enquête. Sur place, les membres de la commission n’ont pas confirmé ce qu’avait dénoncé ce cadre technique. Pis encore, il m’a demandé de mener l’étude luimême et bénéficier de l’enveloppe financière octroyée dans ce cadre», a déclaré M. Djaadi.
Et de poursuivre que le responsable de ce bureau d’études remis en question a tous les qualificatifs nécessaires. Il s’agit d’un docteur d’Etat enseignant à l’université de Biskra, titulaire également d’un diplôme français.
«D’autant plus, le bureau d’études ne peut pas entamer son travail sans l’aval du maître de l’ouvrage qui est la DTP, au niveau de laquelle est déposé son CV. En plus, son travail doit être revu par un bureau d’études de contrôle afin de bénéficier d’un visa. C’est toute une procédure qu’il faut respecter avant l’adoption d’une étude et entamer les travaux. Ce bureau d’études, le seul ayant accepté de prendre en charge ce projet, est en train de régler d’énormes problèmes laissés par les Brésiliens», a expliqué le DRH, rejetant toutes les accusations sur lesdites représailles.
Notre interlocuteur indique que M. Benhamida a entravé le règlement intérieur, avec ses régulières absences non justifiées et le non-respect de la hiérarchie. Ce sont des fautes du deuxième et troisième degré, selon le règlement de l’entreprise.
«Je possède des lettres de sa part dans lesquelles il revient sur ces propos. Mais, c’est un récidiviste. Il s’est attaqué une fois à Cosider lors d’une réunion avec des clients. Il a même proféré des propos inappropriés face aux membres de la commission disciplinaire», a-t-il souligné.
En conclusion, l’affaire opposant Ali Benhamida et Cosider est entre les mains de la justice qui aura à trancher.