Que penser de la situation créée par des centaines de partisans de l’ex-président brésilien d’extrême-droite, Jair Bolsonaro, qui ont pris d’assaut dimanche soir les édifices abritant le Congès, le palais présidentiel et la Cour suprême à Brasilia, une semaine seulement après l’investiture du président de gauche, Lula, dont ils contestent l’élection. Pour ce dernier, avouons que ce n’était pas la meilleure manière d’entamer son mandat, prélude à un exercice tourmenté. Ici et là, des marques d’indignation et de réprobation sont montées affichant un soutien indéfectible au nouveau président et fustigeant ces militants d’extrême-droite. «Voilà où mène le complotisme, la délégitimation d’un président, démocratiquement élu et la remise en cause du suffrage universel». D’autres ont mis à l’index, l’extrême-droite brésilienne, en l’accusant de tenter un putsh, en mode Trump, contre le nouveau président de gauche Lula, Solidarité avec la démocratie brésilienne. Voilà ce qu’est l’extrême droite partout dans le monde. Au final, toujours le refus de la démocratie «Pendant ce temps, le président sortant a choisi de s’implanter aux Etats-Unis près de son ami et modèle Donald Trump, dont il ne cesse de louer les mérites. Finalement, ce scénario était prévisible, puisqu’il ressemble à l’identique, comme un jumeau, à celui de Washington le 6 janvier 2021 où les extrémistes américains, sous l’ordre de Trump, ont été incités à envahir le Capitole en signe de refus des résultats des urnes qui avaient donné la victoire à l’actuel président des Etats-Unis. Cette séquence de violence, qui a donné lieu à un véritable cauchemar, a plongé Brasilia dans le chaos et est dangereuse à plus d’un titre, car elle risque, à Dieu ne plaise, de plonger ce mastodonte de l’Amérique du Sud dans une spirale infernale, imprévisible qui ouvrira les portes de la violence et des haines. Pourquoi, parce que les bandes hystériques qui se sont soulevées veulent impliquer l’armée en l’appelant «à sauver le Brésil» désormais coupé en deux, si on se réfère au partage des suffrages lors de la dernière élection.
Ces foules ne veulent ni plus ni moins que le déclenchement d’’une guerre civile, dans ce pays immense, par la géographie et la démographie, de 215 millions d’habitants. Le Brésil est-il visé parce qu’il compte parmi les pays émergents dont il est le porte-flambeau à travers le BRICS ? Très possible, puisqu’avec ses partenaires, chinois, indiens, sud-africains et russes, ils ont l’ambition de s’imposer sur la scène économique et politique internationale pour en changer le cours, bref pour une autonomie politique, complète à l’égard de l’Occident. Les membres du BRICS commençaient déjà à subir les difficultés structurelles, susceptibles de freiner leur élan. Comme ils s’inscrivent dans un combat contre la prééminence des pays occidentaux, dans les relations internationales, leur mission peut être parasitée par tous les moyens. La Chine, la Russie et l’Inde possèdent certes la bombe atomique, mais cela suffira-t-il pour mener à bien leur projet ? Car contrer le leadership des pays occidentaux dans la conduite des affaires du monde est un exercice ardu, bien que pour eux, le projet en vaut la chandelle, car le BRICS, fer de lance des pays émergents, aspire profondément à imposer de nouvelles règles du jeu dans le concert international.