La Fédération algérienne de boxe (FAB) est sous la menace d’une suspension par la Fédération internationale de boxe (IBA) et la Confédération africaine de boxe (AFBC) suite à la radiation du président de la FAB, Ferhat Fazil Abdelnour, prononcée 16 novembre 2022, par le ministère de la Jeunesse et des Sports (MJS). La décision serait motivée par «des accusations de harcèlement formulées par des boxeuses contre le président de la FAF lors du championnat du monde en Turquie en mai 2022».
Pourquoi avoir attendu 7 mois pour dénoncer ? Depuis, plus rien. Personne n’a repris l’accusation de harcèlement contre l’intéressé ? Mystère et boule de gomme.
La Confédération africaine de boxe et la fédération internationale se sont emparées de l’affaire et menacent de suspendre la Fédération algérienne de boxe. En cas de suspension, les boxeurs et boxeuses algériens et algériennes seront interdits de participation aux qualifications aux Jeux olympiques de Paris 2024, prévues en novembre 2023.
L’affaire est sérieuse. Les deux instances ont adressé des correspondances à la FAB lui demandant des précisions sur les raisons de la «suspension où radiation du président de la Fédération algérienne». Le 6 avril, la commission d’éthique de l’AFBC a saisi le secrétaire général de la FAB sur cette affaire.
Elle voulait des «éclaircissements sur la suspension ou la radiation de Ferhat Fazil Abdenour qui aurait comparu devant la commission d’éthique du CNO algérien (COA) et ensuite radié du mouvement sportif algérien suite à un rapport de l’inspection générale (MJS). Or, ici se posent plusieurs questions sur la légitimité de cette action conjointe menée par le MJS et le COA».
L’organe juridictionnel de l’AFBC a rappelé à la FAB les statuts et principes d’autonomie dans le sport sur lesquels se fondent l’action des fédérations, confédérations, fédérations internationales et CIO et souligné le principe «les fédérations doivent gérer leurs affaires de manière indépendante et veiller à ce que ses propres affaires ne soient pas indûment influencées par un où plusieurs tiers», et ajoute :
«Je constate que l’action conjointe menée par le CNO et le MJS viole flagramment ce principe d’autonomie de la FAB, car ni le CNO ni le MJS n’ont le pouvoir disciplinaire sur les membres des fédérations nationales sauf dans des cas spécifiques, par exemple pour des infractions disciplinaires commises par des membres de la fédération durant une compétition sous l’égide du CNO où alors des infractions disciplinaires des membres détachés par le MJS dans les fédérations nationales». A partir de ce constat, établi par la commission d’éthique de l’AFBC, il est facile de deviner quelle suite sera donnée à cette affaire.
Dans une correspondance adressée au secrétaire général de l’IBA (Fédération internationale), le secrétaire général de la FAB lui a indiqué qu’il a dressé «l’argumentaire appuyant les raisons pour justifier que les sanctions disciplinaires ne devraient pas être prises à l’encontre de la FAB ». Difficile de croire que cet argumentaire fera reculer la fédération internationale sur la possibilité de sanctionner la FAB.
Pour rappel, tout est parti «d’accusations graves de harcèlement» portées contre le président de la FAB «par des athlètes femmes». L’intéressé a nié en bloc «toutes ces accusations qui participent d’un complot planifié et exécuté par des parties qu’une enquête indépendante établira facilement».
Tout est parti du stage effectué en mars 2022 au camp d’entraînement en Turquie la veille du championnat du monde où deux Algériennes ont atteint les demi-finales, une première pour la boxe algérienne.
En marge de la compétition, le président de la FAB a participé au congrès de l’IBA. Avant de partir en Turquie, il a sollicité et obtenu l’autorisation du MJS pour se présenter à l’élection au Comex de l’IBA et cette dernière a programmé son Comex suivant le 16 août à Alger. L’IBA a pris en charge tous les frais d’organisation de la réunion, selon Ferhat Fazil Abdelnour, et offert 15 rings et plus de 300 paires de gant à la FAB.
Des mois s’écoulent sans que rien ne viennent perturber la quiétude des uns et des autres. Arrivent les JM d’Oran où la boxe double le nombre de médailles gagnées aux JM d’Alger 1975. Le 3 septembre 2022, l’Algérie arrache la place en garçons et filles au Championnat d’Afrique organisé au Mozambique. A leur retour à Alger les athlètes et le président de la fédération reçoivent les félicitations de la part de qui de droit.
Le lendemain, le président apprend qu’il a fait l’objet d’un retrait de confiance de la part du bureau fédéral et de l’assemblée générale. Il demande la tenue d’une AGEX. Le 28 septembre 2022 il apprend qu’il est suspendu provisoirement à travers un document signé par le ministre de la Jeunesse et des Sports, Abderrazak Sebgag. Sur le champ, il est interdit d’accès au siège de la fédération. Une dépêche de presse annonce la suspension du président de la FAB.
La fédération adresse un mail, non signé à l’IBA, l’informant de la suspension de la FAB. L’IBA a réagi au mail de la FAB et demandé des explications sur la suspension du président de la FAB (25 octobre 2022). La fédération internationale remet en cause la radiation de Fazil «sur la base d’un rapport d’une commission non-statutaire sans convoquer l’intéressé, ni l’avoir écouté».
Le 21 novembre 2022 une AGE s’est tenue et a porté Youssef Khellifi à la tête de la fédération. 52 jours plus tard, la fédération internationale dit Niet et transmet le dossier à la commission d’éthique. Les 6 et 11 avril, l’IBA a averti la FAB des conséquences qu’elle encourt (suspension) dans le cas où Ferhat Fazil Abdelnour ne serait pas réintégré à son poste de président. Affaire à suivre...