Boumerdès : Les assurances boudées

01/08/2023 mis à jour: 07:05
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Boudée en temps normal, l’assurance revient dans les discussions à chaque calamité naturelle. Si elle est obligatoire pour certaines activités, ce n’est le cas de l’agriculture et ses filières. Dans la wilaya de Boumerdès, seulement 7 ou 8% des agriculteurs ont assuré leurs exploitations, leur cheptel ou leurs ruchers.

 C’est ce qu’a affirmé la semaine passée un responsable de la Caisse régionale de la mutualité agricole (CRMA), précisant que 13 000 fellahs ont été indemnisés en 2022. Pourquoi cette désaffection alors que cette caisse est censée être le meilleur accompagnateur des fellahs ? «C’est une question de culture. Comment voulez-vous que les agriculteurs assurent leurs exploitations alors que rares sont ceux qui cotisent à la Casnos pour leur retraite», explique un ancien responsable de la Chambre d’agriculture. 

Pour lui, la solution interviendra quand l’Etat rend ce type d’assurance obligatoire et cesse d’octroyer des indemnisations à la moindre occasion. «Tout le monde souhaite que l’Etat aide les agriculteurs quand ils se retrouvent en difficulté, mais ceci doit se faire surtout à l’occasion des grandes catastrophes», appuie-t-il. Cette raison n’explique pas tout. Autre facteur : le poids de la religion dans la société. «Beaucoup de gens mettent en avant leurs convictions religieuses et parlent de ce qui est halal ou haram (licite ou illicite) même quand il s’agit des assurances. Malheureusement, ce débat ne fait avancer l’économie ni  ne développe notre agriculture»,  souligne un directeur d’agence SAA. 

Mais les agriculteurs aussi ont bien leurs arguments. «La CRMA fait du commerce et les fellahs ne sont pas les premiers de ses soucis. La preuve, on peut y assurer une voiture à 5000 DA, mais il faut minimum 10 000 pour assurer une vache et 70 000 DA pour un hectare de raisin. Si on a une exploitation de 4 hectares, on doit donc payer au moins 25 millions de centimes», dira un paysan de Corso. 

Un autre se demande pourquoi les responsables de la caisse ne présentent pas leurs bilans et les plans d’actions annuels aux agriculteurs. «Cette caisse nous appartient, mais elle est gérée de manière opaque. Nous avions élu un nouveau Conseil d’administration l’année passée, mais il a été gelé illégalement par la direction de CRMA avant d’être remplacé la semaine passée par un nouveau conseil», s’indigne un agriculteur.

 Ce dernier s’étonne du fait qu’un  responsable de la Caisse soit cité dans plusieurs affaires en justice sans qu’aucune mesure n’ait été prise à son encontre par sa tutelle.                                                                           

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