La violence augmente d’année en année au sein des établissements scolaires de la wilaya de Boumerdès. Si par le passé ce sont les élèves qui en pâtissaient le plus, aujourd’hui la tendance semble se renverser, touchant en premier lieu les enseignants.
Ce constat se vérifie par la hausse du nombre d’élèves qui sont traduits annuellement devant le conseil de discipline à cause de ce fléau aux multiples facettes, estime Mustapha Doulache, coordinateur local du Cnapest. «Les chiffres sont en nette augmentation. En sus des injures et autres comportements inappropriés, beaucoup d’enseignants ont été victimes d’agressions physiques», indique-t-il.
Le dernier acte en date a été enregistré au CEM Chaouche Mohamed de Corso où un élève s’en est pris à un enseignant en plein cours. Le phénomène prend plusieurs formes et n’épargne aucune frange de la famille éducative. Il y a quelques jours, à Boudouaou, une remarque en classe a valu à un enseignant au CEM de Benmerzouga le caillassage de sa voiture, a-t-on témoigné.
Cet acte n’est pas isolé. Au lycée Lalla Fatma N’Soumer, c’est un agent de sécurité qui a subi en mars dernier les foudres d’un élève en recevant plusieurs coups de couteau alors qu’il était en service à l’entrée de l’établissement. La victime s’en est sortie après plusieurs jours de coma. Cet acte n’a pas laissé les enseignants indifférents. Ils ont observé un sit-in dans l’enceinte de l’établissement.
«Le maximum qu’on puisse infliger à l’élève est la radiation, mais cela n’arrive qu’une fois par cinq ou dix ans car seul le ministère de l’éducation peut prendre une telle décision », estime Rabah Maâmri, syndicaliste et enseignant du secondaire.
Pour lui, les réseaux sociaux auraient beaucoup amplifié le fléau. Son camarade évoque la surcharge des classes et le manque d’encadrement notamment des adjoints d’éducation dans plusieurs écoles. «Le manque d’adjoints d’éducation génère parfois des situations de grande anarchie dans les établissements. Il y a aussi le problème du manque de directeurs et de surveillants généraux. Au moins 20 CEM et 6 lycées sont gérés par des cadres administratifs», indique-t-il. Il faut dire que le mal n’est pas propre à Boumerdès.
La violence en milieu scolaire connaît une courbe ascendante à l’échelle nationale. Durant l’année scolaire 2021/2022, la police a fait état d’une hausse de 38% des affaires traitées, soulignant que 200 affaires ont été traitées durant cette période mettant en cause 112 élèves et 92 employés. Les sociologues ayant analysé le phénomène de la violence en milieu scolaire mettent en évidence les mutations socio-économiques que vit le pays, le rôle et la situation sociale de nombreuses familles algériennes et la banalisation de la violence au sein de la société.