Faute de radiologues, le service d’imagerie médicale arrête de faire les scanners à partir de 15h, à l’EPH de Thénia. L’échographe est en panne depuis plus d’un an.
Il est presque 21h, en ce jour de fin de semaine, et les malades affluent encore sans discontinuer aux urgences médicales de Boumerdès. Chacun son souci et sa maladie. Dans la salle d’attente, la tension et les signes d’angoisse sont apparents sur plusieurs visages. Le service tourne au ralenti.
Une vingtaine de personnes entre femmes, hommes et enfants attendent impatiemment leur tour. Difficile de distinguer les cas urgents de ceux qui ne le sont pas. Le service compte une salle d’admission avec huit lits, un petit laboratoire, une salle pour les urgences dentaires et une autre de radiologie. Beaucoup jugent cette structure «très petite» pour un chef-lieu de wilaya.
A la réception, un agent distribue les tickets aux nouveaux arrivants afin d’éviter l’anarchie. Très sollicité, il ne sait plus où donner de la tête face à la pression et aux récriminations des patients et leurs proches. «On a déjà distribué 73 tickets et on est au 46e patient.
Il faut attendre au moins une heure pour passer», lance-t-il à une vieille dame portant une bavette, rappelant ainsi les sinistres souvenirs du Covid-19. Un homme appuyant laborieusement sa mère supplie certains de le laisser passer en premier. «Elle a des douleurs abdominales et une tension artérielle. C’est la troisième fois que je viens ici cette semaine», peste-t-il avec un brin d’inquiétude.
Ce soir-là, la garde est assurée par deux médecins et deux paramédicaux. «D’habitude, les infirmiers travaillent à quatre, mais aujourd’hui un d’eux n’est pas venu et un autre a accompagné un patient avec l’ambulancier à Thénia», dira un employé. Sur place, on apprend que le service n’est pas doté de scope, un appareil indispensable pour évaluer la tension et le rythme cardiaque des patients.
Mais ce n’est pas l’unique problème. «Les antalgiques injectables, notamment solumedrol, sont distribués au compte-gouttes, alors que certaines sources à oxygène fuitent depuis plusieurs mois», fulmine un jeune.
Et de renchérir : «Cela fait des mois qu’il n’y a pas de clichés pour les radios. Leur ambulance est très usée et n’offre de confort ni pour le malade ni pour le personnel soignant.» Généralement, les cas graves sont évacués vers l’EPH de Thénia, mais là-aussi ce n’est pas le paradis, déplore-t-on. Faute de radiologues, le service d’imagerie arrête de faire les scanner à partir de 15h. L’échographe, lui, est en panne depuis plus d’un an.
A l’unité médico-chirurgicale du chef-lieu de wilaya, on traite les fractures et les cas présentant des traumatismes. Pas plus. Pour les Boumerdassis, seule l’ouverture du nouvel hôpital permettra d’améliorer les choses. Il est presque 23h et la tension est toujours de mise aux urgences. «Parfois on reçoit même les jeunes qui s’adonnent aux psychotropes.
Ils viennent pour qu’on leur injecte du valium très recommandé contre l’anxiété. Il nous arrive souvent d’appeler la police pour les maîtriser. Durant la journée, il y a moins de patients. Les autorités doivent renforcer le personnel entre 17h et 23h. On peut facilement affecter un autre médecin durant cette plage horaire», suggère un employé de la structure.
Dans la salle d’admission, l’état de certains lits laisse à désirer. Les aérosols et les lunettes d’oxygène sont utilisés parfois jusqu’à leur détérioration bien qu’ils soient jetables et à usage unique.
A l’intérieur des sanitaires, c’est l’obscurité totale. La lampe ne s’allume pas, alors que sa réparation nécessite au maximum 200 DA, s’indigne un parent d’un enfant asthmatique. A la réception, les tickets sont imprimés et enregistrés sur ordinateur avec l’identité du patient. Mais ce n’est sans doute pas l’unique bonne chose dans ce service.