Boumerdès : Consommation de drogues, un fléau à contrecarrer

21/12/2024 mis à jour: 08:07
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Les spécialistes sensibilisent sur les dangers de la drogue - Photo : D. R.

La consommation de drogues est un des principaux facteurs de risque de survenue d’un accident vasculaire cérébral.

La consommation de drogues est devenue un véritable fléau social qui touche de larges pans de la société, notamment les jeunes. Le volume des saisies et le nombre d’individus impliqués dans les affaires relatives à la vente et à la  consommation de stupéfiants donnent froid dans le dos. Dans la wilaya de Boumerdès, plus de 27 000 comprimés psychotropes ont été saisis et 286 personnes arrêtées durant le mois de novembre par la police.

Un record ! «La lutte contre ce phénomène doit être l’affaire de tous», a plaidé hier  le Dr Fatiha Saâdouni, ancienne chef de service à l’EPH de Thénia. Intervenant en marge de la journée de sensibilisation initiée par la CNAS, la praticienne insiste sur la nécessité de conjuguer les efforts pour contrecarrer ce fléau, évoquant le rôle de la famille, l’école, les médias, les associations, etc. Dr Saâdouni a axé son intervention sur les manifestations cardiovasculaires chez les toxicomanes, soulignant que la consommation de drogues est un des principaux facteurs de risque de survenue d’un accident vasculaire cérébral. «Les décès dus à l’overdose sont de plus en plus fréquents car la consommation de psychotropes a des effets directs sur le cœur.

Elle peut  ralentir le rythme des palpitations ou les accélérer, ce qui génère des cailloux de sang et augmente le risque d’accidents vasculaires cérébraux», a-t-elle expliqué, en plaidant pour la multiplication des centres de désintoxication et l’intensification des campagnes de sensibilisation dans les écoles et les lieux publics. Au centre de soins en addictologie des Issers, le seul dans toute la région, le nombre de patients addictes augmente d’année en année. «En 2020, nous avons traité 68 cas.

Cette année, on a atteint 89 patients», a indiqué la directrice de l’établissement. Inauguré en 2019, le Centre national de prévention et de lutte anti-drogue est considéré comme une référence en la matière. Son directeur, Abdelkrim Abidat, a fait état l’année passée de 7757 jeunes qui ont suivi des séances de traitement en insistant sur l’importance de la prise en charge psychologique et  accompagnement social des toxicomanes.

En termes de chiffres, il a précisé que 40% des consommateurs ont le niveau primaire, 30% le niveau moyen et 15% sont des universitaires, ajoutant que 20% de l’échec scolaire et 70% des crimes sont la conséquence de la consommation de drogue. D’où, selon lui, l’urgence d’agir efficacement pour sauver l’Algérie de ce fléau. Cela passe, a-t-il estimé, par l’élaboration «d’une stratégie de prévention de proximité, car il faut aller vers ces jeunes qui sont à la dérive.

La mobilisation, la sensibilisation et la prévention doivent se faire dans les écoles, dans les mosquées, dans la rue et au sein de la famille». Le Pr Mohamed Nedjari, chef de service à l’hôpital Drid Hocine d’Alger, a abordé hier la relation entre l’addiction aux drogues et les affections psychiatriques.  «On constate de plus en plus dans nos hôpitaux la coexistence chez le même patient de problèmes de santé liée à l’addiction et un autre d’ordre psychiatrique.

C’est ce qu’on appelle la comorbidité ou la pathologie duelle. Il y a des liens entre ces deux affections, qui ne sont pas cliniques mais aussi d’ordre neurologique», a-t-il expliqué. La lutte contre ces maladies exige, selon lui, la mise en œuvre d’une stratégie nationale qui permet la hiérarchisation des soins et une meilleure coordination entre les différents intervenants. 
     

 

 

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