Manquant d’entretien pendant plusieurs années, voire des décennies, les 1040 platanes que recèle l’agglomération urbaine de Boufarik meurent malheureusement à petit feu, risquant ainsi de laisser la ville de la zlabia orpheline de son arbre symbole.
A première vue, n’importe quel visiteur de la capitale de la Mitidja remarquera des platanes presque sans vie, tués par les aléas du temps et surtout par la bêtise humaine. «Ce qui fait le charme de Boufarik est sans doute son platane. Cette ville sans son arbre sera une ville sans âme !», regrette un amoureux de Boufarik habitant la ville des Roses.
En effet, tout a commencé en 1853 lorsque les colons avaient décidé de planter les platanes pour arriver à assécher Boufarik vu l’omniprésence de marécages dans ces lieux et de rendre ces derniers capables d’accueillir un nombre important de nouveaux habitants, majoritairement des Européens. Au début du siècle dernier, les marécages existaient encore par endroits. «Oui c’était marécageux.
A certains endroits, on se déplaçait en barque. Ma mère a connu cette période et me l’a raconté», témoigne un Boufarikois sur la page «Si Boufarik m’était contée».
Un autre ajoute : «Proposé par le général Trumelet, qui fut ingénieur agronome de formation, car le seul arbre dont la sève pompe 200 litres d’eau, quelques années après ce fut la découverte du pacanier qui absorbe une certaine quantité d’eau mais pas autant que le platane (...).
Aujourd’hui, le platane a 170 ans, il se fait vieux, le moment de son déracinement est arrivé et il faut le remplacer par la même variété, elle existe en abondance chez nos pépiniéristes.» Déclenchant une polémique, le recours au déracinement n’a surtout pas fait l’unanimité. «Pourquoi le déraciner ? Il y a des arbres centenaires toujours en bon état !
Et surtout, attention ! En les arrachant, on risque de créer une catastrophe, car les grosses et dures racines de l’arbre sont bien ancrées sous terre et à plusieurs mètres. L’idéal est de prendre conseils auprès d’un bon ingénieur agronome...» Par ailleurs, le platane, c’est aussi une histoire de crime malheureusement !
Comment ? Un Boufarikois apporte son témoignage, marqué à jamais par un crime qui prend la forme d’une habitude, sous le silence et la passivité des autorités locales. «Savez-vous que les vendeurs de légumes versaient chaque matin 2 à 3 bouteilles d’acide à la base des platanes pour tuer l’arbre et agrandir leur carrés ?
J’en étais témoin en face de la boutique de kalbelouz de mon défunt père.» ,Connu par son important marché hebdomadaire, Boufarik est devenue, aussi, la capitale des promotions immobilières et de l’invasion du béton. Un grave phénomène qui ne cesse d’affecter la Mitidja et qui n’est pas sans conséquences néfastes sur un poumon et une beauté nommés arbre.
Et voilà ce que sont capables de faire certains promoteurs sans scrupules. «Il n’y a pas que les commerçants, même les promoteurs immobiliers versent tout autour de l’arbre du mazout pour le tuer quand ils prévoient des garages pour leurs cubes de béton, des criminels. Où sont nos élus ?», lance-t-il sur fond de SOS.
Ainsi, des Boufarikois prévoient de créer une association de défense de leur ville. «Dépêchez-vous ! Il y a péril en la demeure. On détruit tout ce qui est beau à Boufarik», insiste-t-on.Pour l’établissement public des espaces verts et des pépinières de la wilaya de Blida, nommé Mitidja Hadaïk, l’agglomération urbaine de Boufarik compte environ 5600 arbres, dont 1040 platanes.
«90 platanes ont été abattus durant les trois dernières années, car constituant un danger public. Nous faisons de notre mieux pour préserver cet arbre emblématique, et ce, à travers des replantations et sorties sur terrain pour détecter de plus près leur état. Nous avons effectué, cette année, le chaulage de 700 arbres pour contribuer à les préserver», rassure le chargé de communication de l’Epic Mitidja Hadaïk.