Bombardements de l’armée d’occupation israélienne à Beyrouth : Les citoyens libanais traumatisés

24/11/2024 mis à jour: 19:47
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Le feu et la fumée éclatent d’un bâtiment juste après une frappe aérienne israélienne dans le quartier sud de Beyrouth

L’armée israélienne a mené  d’intenses frappes, hier, à Beyrouth détruisant un immeuble résidentiel et faisant 11 morts, selon les autorités, tandis que  l’agression israélienne au Liban  ne connaît aucun répit malgré les efforts internationaux en vue d’un cessez-le-feu. 

Les habitants de la capitale libanaise se sont réveillés au bruit de trois grosses explosions avant l’aube. Les frappes, qui ont fait au moins 11 morts, selon le ministère de la Santé, ont détruit un immeuble résidentiel dans le quartier densément peuplé de Basta. Les secouristes continuent de déblayer les décombres à la recherche d’éventuels survivants. «Nous dormions et soudain, nous avons entendu trois ou quatre missiles. La frappe était tellement puissante que j’ai cru que le bâtiment allait  s’effondrer sur nous», a raconté Samir, 60 ans, qui habite en face de  l’immeuble ciblé. Samir  a ajouté avoir «vu deux morts par terre» en sortant de sa maison avec sa femme et ses deux enfants âgés de 3 et 14 ans. «Les enfants et ma femme ont commencé à pleurer», a-t -il ajouté.  

Interrogée sur les frappes à Basta, l’armée israélienne n’a pas commenté dans l’immédiat. Des frappes ont également ciblé la banlieue sud de Beyrouth, un fief du Hezbollah situé près de l’aéroport international. A Chiyah, l’un des quartiers visés, un immeuble a été transformé en un amas  de pierres et de ferrailles fumant. Autour, des façades éventrées et des fenêtres  soufflées. 


Dans celui de Hadath, les pompiers continuent de lutter contre les  flammes dans les bâtiments bombardés.  L’armée israélienne, qui parfois lance des appels d’évacuation avant ses frappes, affirme cibler des «centres de commandement terroristes du Hezbollah», des «dépôts d’armes» ou des lieux ou personnes liés au mouvement. Depuis le 8 octobre 2023, plus de 3640 personnes ont été tuées au Liban, selon le ministère de la Santé, la plupart depuis le 23 septembre dernier. 

Par ailleurs, des combats acharnés entre le  Hezbollah libanais et l’armée israélienne font rage dans la bourgade frontalière de Khiam, une «porte stratégique» dans le sud du Liban dont Israël tente de s’emparer depuis plusieurs jours, a indiqué l’Agence nationale d’information (ANI). «Israël a poursuivi ses attaques nocturnes contre la ville de Khiam  jusqu’au matin, utilisant tout type d’armes pour parvenir à prendre le contrôle de la localité», a indiqué l’ANI. 

Des chars israéliens sont stationnés à l’est de Khiam, à 6 km de la frontière, depuis plus de trois semaines. Et mardi, l’agence avait rapporté des mouvements de chars au nord de la localité. L’ANI indique que l’armée israélienne cherche «à encercler la ville de tous côtés», aidée d’une couverture aérienne et terrestre massive dans et aux abords de la localité, où elle dynamite bâtiments et maisons Au cours des deux derniers jours, le Hezbollah a de son côté revendiqué une vingtaine d’attaques contre des soldats israéliens à Khiam. L’armée israélienne a effectué des incursions dans plusieurs villages frontaliers au Liban, dynamitant des maisons et affirmant détruire des tunnels du Hezbollah, avant de se retirer. 


Sur le front diplomatique,  le ministre américain de la Défense,  Lloyd Austin, a réitéré «l’engagement» des Etats-Unis en faveur d’une «solution diplomatique au Liban», lors d’un échange avec son homologue israélien, Israël Katz. 

Le chef du Pentagone a «réitéré l’engagement des Etats-Unis en faveur d’une solution diplomatique au Liban permettant aux civils israéliens et libanais de rentrer chez eux en toute sécurité, des deux côtés de la frontière», selon un communiqué de son ministère. Premier soutien politique et militaire d’Israël, les Etats-Unis assurent vouloir parvenir à une fin de ces conflits par voie diplomatique. 


Avec la destruction systématique  de villages dans le sud du Liban, Israël tenterait, selon des experts, de créer un no man’s land dans le but d’empêcher un retour du Hezbollah dans les zones frontalières après l’arrêt des combats. D’après des responsables libanais, près d’une vingtaine de villages proches de la frontière entre le Liban et Israël ont été détruits à 70% depuis le début, le 23 septembre, d’une intense campagne de bombardements lancée par Israël au Liban contre le mouvement armé pro-iranien Des images satellitaires consultées par l’AFP montrent des destructions massives dans une dizaine de localités frontalières. «Israël semble créer un no man’s land inhabitable tout le long de la frontière», a affirmé Peter Harling, fondateur de Synaps, un centre de recherche basé à Beyrouth. 

Des analystes israéliens, interviewés par le bureau de l’AFP à Jérusalem, estiment qu’Israël n’a pas pour but de conquérir le sud du Liban, mais de repousser la menace du Hezbollah pour le nord du pays. «Il s’agit juste d’avoir une certaine garantie que le Hezbollah ne soit plus proche de la frontière et ne puisse plus lancer des attaques contre le nord d’Israël. C’est le but principal (...), nous ne voulons pas du Hezbollah là-bas», explique  l’experte et ancienne militaire de l’armée israélienne Orna Mizrahi, de l’Institut d’études de sécurité nationale (INSS).Hachem Haïdar, président du Conseil du sud, l’institution libanaise chargée d’évaluer les dégâts, indique que 18 villages proches de la frontière entre les deux pays, longue de 120 km environ, ont été «détruits à 70%» L’objectif d’Israël est de «créer une zone tampon inhabitable », affirme-t-il, estimant que «45.000 bâtiments à usage d’habitation ont été détruits».  

C’est notamment le cas à Maïss al-Jabal, où plus d’un millier de bâtiments ont été ciblés, selon des données de Microsoft Maps et des analyses satellites des chercheurs américains Corey Scher et Jamon Van Den Hoek. «Les destructions israéliennes (..) visent à transformer la région frontalière en terre brûlée», déclare Abdel Monhem Choucair, maire de cette localité qui comptait près de 30.000 âmes avant la guerre. «Ils ont détruit les écoles, les mosquées et les infrastructures, même les cimetières n’ont pas été épargnés», ajoute-t-il.  

Dans le petit village voisin de Mheibib, plus de 84% des bâtiments avaient été rasés au 7 novembre, d’après un comptage de l’AFP à partir des mêmes données de Microsoft Maps et des analyses satellites. Plus au sud, à Yaroun, sur les quelques 500 bâtiments que comptait le centre du village, 380 ont disparu, et à Aïta Al-Chaab, un autre village rasé à plus de 60%, certains quartiers entiers sont aussi en ruines, selon la même source. 

L’expert militaire Hassan Jouni explique qu’en détruisant ces villages et en incendiant les régions boisées les entourant, Israël veut dégager ses points d’observation.  Les autorités libanaises ont accusé Israël d’avoir brûlé des régions boisées et des terres agricoles dans le sud en les bombardant au phosphore blanc.

 

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