La chirurgie reconstructrice et esthétique ne cesse de se développer en Algérie, répondant à une clientèle de plus en plus exigeante et bien au fait de se qui se passe ailleurs.
Le «paraître» selon les normes imposées par les sociétés modernes, à travers les médias et les réseaux sociaux, fait partie désormais des priorités d’une certaine frange de la société, allant jusqu’à dépenser des sommes importantes d’argent pour se faire plaisir et faire plaisir à l’autre !
D’ailleurs, des cabinets de médecins spécialistes dans ce domaine commencent à pousser comme des champignons dans nos villes, alors qu’à une certaine époque, des Algériens en quête de soins de leur physique étaient contraints d’aller dans des pays européens, en Tunisie, voire jusqu’au Liban pour se faire un nouveau look. Par ailleurs, cette profession n’est pas toujours bien réglementé dans notre pays, où des salons de beauté ont recours à la chirurgie, alors que ce domaine est purement médical.
Le Dr Boukader Soufiane, ancien maître-assistant en chirurgie plastique, reconstructrice et esthétique dans les hôpitaux publics, confirme cet intérêt de plus en plus croissant pour ce qui est de l’esthétique. Ayant ouvert un cabinet à Blida il y a quelques années, il constate que «les gens semblent se débarrasser de plus en plus d’une pudeur qui a l’air d’être dépassée par les temps modernes. Mes patients parlent des choses qui les gênent dans leur corps... et font tout pour se faire plaisir et faire plaisir à l’autre».
Ayant une expérience globale dans le domaine de plus de 14 ans, il confirme que les moeurs changent de jour en jour. «Des femmes abordent sans aucune gêne le problème de la (grosse) taille de leur poitrine ou des hanches et n’hésitent surtout pas à demander une solution chirurgicale pour les rendre dans les ‘‘normes’’, et ce, afin qu’elles se sentent bien dans leur peau.
D’autres, ayant subi une ablation du sein des suites d’un cancer se présentent au cabinet pour une reconstruction mammaire afin de paraître ‘‘normale’’ et se réconcilier avec leur féminité», raconte-t-il. Le chirurgien Boukader Soufiane ajoute que les femmes, et parfois même une catégorie masculine, ont du mal à accepter les aléas du poids de l’âge et demandent des traitements pour redessiner l’ovale du visage et «corriger» le relâchement cutané. «En ces temps modernes, vouloir apparaître jeune et en forme devient une tendance qui ne touche pas forcément la haute société comme il fut un temps», remarque-t-il.
«C’est plus fort que moi, sortir du cliché imposé par les temps modernes heurte nos sensibilité et nous fait croire qu’on est mal vu, non désiré...», raconte une quinquagénaire, qui reconnaît sa complexité par rapport à la déformation de son corps à cause du surpoids.
Pour le psychologue clinicien A. Lazereg, se faire plaisir à travers de petites chirurgies reste acceptable. Mais le danger réside dans l’éternelle insatisfaction. «Vouloir coûte que coûte ressembler à une célébrité par exemple relève de la ‘‘folie’’. Et c’est à partir de là que commence l’insatisfaction et les problèmes psychologiques, d’où il est important de ne pas se comparer à l’autre...», conclut le psychologue clinicien.