Une coalition de groupes rebelles ethniques en Birmanie a lancé hier une série d’attaques coordonnées dans le nord du pays, compliquant l’objectif de la junte d’asseoir son autorité dans la région, rapporte l’AFP.
Le coup d’Etat de la junte en 2021 a de nouveau enflammé les mouvements de rébellion dans l’Etat Shan, voisin de la Chine et qui fait par ailleurs l’objet d’un grand projet ferroviaire financé par Pékin dans le cadre de ses Nouvelles routes de la soie. L’Armée de libération nationale Taaung (TNLA), l’Armée d’Arakan (AA) et l’Alliance démocratique nationale du Myanmar (MNDAA) ont annoncé, hier dans un communiqué, avoir lancé une «opération militaire» conjointe dans cette région.
Des chaînes pro-armée birmane sur la messagerie Telegram ont indiqué que des rebelles ont attaqué 12 villes ou localités à travers l’Etat Shan dans un rayon de 100 km. Les trois groupes rebelles n’ont pour l’heure pas fait état de victimes ou de gains territoriaux de leur part. Selon la MNDAA, ses combattants ont bloqué les routes entre la ville de Lashio et celle de Muse à la frontière chinoise, en prévision d’une «offensive majeure». Les combats continuaient hier, selon des médias locaux et des habitants qui se terraient chez eux.
Tous les vols vers Lashio, siège du commandement de l’armée birmane dans le nord-est du pays, ont été annulés hier, a précisé l’agence commerciale d’une compagnie aérienne active dans la région.
Les zones frontalières de la Birmanie sont le foyer d’une dizaine de groupes ethniques rebelles, dont certains se battent avec l’armée birmane depuis des décennies pour le contrôle de précieuses ressources naturelles, comme les mines de jade dans l’Etat Kachin, dans le nord du pays.
La culture du pavot, à l’origine de l’opium et de l’héroïne, est par ailleurs en forte augmentation dans l’Etat Shan et dans d’autres régions frontalières birmanes depuis le coup d’Etat de 2021, a indiqué en janvier dernier l’agence des Nations unies contre les drogues et le crime. Plus tôt ce mois-ci, près de 30 personnes ont été tuées, dont des enfants, et des dizaines d’autres blessées dans un camp de déplacés de l’Etat Kachin dans le nord de la Birmanie. L’Armée de l’indépendance kachin (KIA), le groupe rebelle ethnique qui contrôle cette région, a accusé la junte birmane d’avoir mené une frappe aérienne sur le camp.
L’ONG de défense des droits de l’homme Amnesty International a affirmé que l’attaque meurtrière contre le camp était probablement le résultat de l’utilisation par l’armée birmane d’une grosse bombe aérienne non guidée.
La junte a assuré, pour sa part, qu’il s’agit de l’explosion d’un entrepôt où sont stockées des bombes appartenant aux rebelles. La junte birmane a ordonné la semaine dernière des frappes aériennes contre des positions rebelles près de la frontière chinoise, ainsi que l’envoi de renforts dans l’Etat Kachin.