Les autorités birmanes ont arrêté vendredi près de 150 Rohingyas soupçonnés d’avoir tenté de fuir le pays, a déclaré un responsable, selon des propos recueillis hier par l’AFP.
127 hommes et 18 femmes de cette minorité ethnique majoritairement musulmane ont été arrêtés près du village de Waekhami, dans le sud de l’Etat Mon. «Ils sont détenus depuis lors et font l’objet d’une enquête conformément à la loi sur l’immigration», a déclaré le porte-parole du Conseil d’administration de l’Etat Mon, Aung Myat Kyaw Sein.
Bien qu’installés en Birmanie depuis des générations, la plupart des Rohingyas sont apatrides et n’ont accès ni à la santé ni à l’éducation dans le pays à majorité bouddhiste, gouverné par la junte depuis un coup d’Etat le 1er février 2021. En 2017, une campagne de répression menée par l’armée birmane a notamment contraint quelque 750 mille Rohingyas à fuir le pays pour se réfugier au Bangladesh, à la suite de nombreux témoignages faisant état de meurtres, d’incendies criminels et de viols.
Cette répression a valu à la Birmanie une plainte pour «actes de génocide» auprès de la Cour internationale de Justice. Chaque année, des milliers de Rohingyas risquent leur vie pour tenter de rejoindre par la mer la Malaisie et l’Indonésie, pays à majorité musulmane, à partir des camps du Bangladesh et de la Birmanie.
La semaine dernière, au moins 17 personnes sont mortes noyées au large de la Birmanie après le naufrage d’un bateau qui transportait des Rohingyas tentant de fuir le pays. Malgré l’inquiétude manifestée par des réfugiés et des groupes de défense des droits tels que Human Rights Watch (HRW), le Bangladesh et la Birmanie préparent la mise en oeuvre d’un projet pilote de rapatriement de réfugiés Rohingyas.
La Birmanie est plongée dans le chaos depuis que le gouvernement civil d’Aung San Suu Kyi a été renversé par le coup d’Etat de février 2021, qui a mis fin à une brève période de démocratie.