Lundi soir, vers 23h30 heure locale, une attaque menée par l'armée birmane a tragiquement coûté la vie à 29 personnes, parmi lesquelles figuraient des enfants, dans un camp de déplacés internes situé dans le nord de la Birmanie.
Ces informations ont été rapportées par un porte-parole d'un groupe rebelle ethnique qui exerce le contrôle sur cette région. Le responsable de l'Armée de l'indépendance kachin (KIA), Naw Bu, a déploré cette situation en précisant que 56 autres personnes avaient été blessées.
L'attaque s'est déroulée près de Laiza, à proximité de la frontière chinoise, aux alentours de 23h30 heure locale (17h00 GMT). Les circonstances précises de cette attaque restent encore à déterminer, et des enquêtes sont en cours pour comprendre son origine. On ignore pour l'instant si l'armée a employé un drone, car aucun avion n'a été entendu selon les témoins.
Des images diffusées par les médias locaux montrent des secouristes opérant au milieu des débris, munis de lampes torches. Quarante-deux personnes blessées ont été transportées dans un hôpital près de Laiza pour y recevoir des soins, selon les déclarations de Naw Bu.
Les Nations unies et diverses organisations de défense des droits humains ont déjà condamné à maintes reprises la junte birmane pour ses attaques ciblant délibérément les civils, qu'ils soient d'origine ethnique ou politique. La KIA est régulièrement engagée dans des affrontements avec l'armée depuis de nombreuses années, mais ces combats se sont intensifiés depuis le coup d'État de février 2021 qui a renversé le gouvernement démocratiquement élu d'Aung San Suu Kyi.
La junte a accusé les rebelles kachin de soutenir et d'armer les groupes de résistance pro-démocratie (PDF) formés après le coup d'État pour combattre les forces armées régulières. En octobre 2022, environ 50 personnes avaient été tuées et 70 autres blessées lors de frappes aériennes attribuées à l'armée birmane contre un concert organisé par la KIA.
La répression qui a suivi le coup d'État a déjà causé plus de 4 100 décès à travers le pays, selon une organisation locale de surveillance des droits de l'homme. L'État Kachin compte actuellement environ 100 000 déplacés internes, un nombre qui a augmenté de plus de 10 000 personnes depuis le putsch, selon les données des Nations unies datant de mars.
L'AFP a tenté de contacter un porte-parole de la junte pour obtenir une réaction, mais n'a pas encore reçu de réponse.
L'Armée de l'indépendance kachin contrôle certaines parties de l'État Kachin, qui est réputé pour son industrie lucrative mais opaque d'extraction de jade, une activité peu réglementée et dangereuse. La Birmanie semble être engagée dans une "spirale sans fin de violences militaires", avec une junte qui recourt de plus en plus aux tueries de masse et aux frappes aériennes, selon le rapport de l'agence onusienne des droits humains publié fin septembre.
L'utilisation croissante de frappes aériennes a semé la terreur parmi les populations civiles, qui ont été prises pour cibles à plusieurs reprises, et a été associée à une "hausse significative" d'incidents au cours desquels dix personnes ou plus ont été tuées. Jusqu'à présent, les tentatives de dialogue menées par l'ONU et l'Association des nations d'Asie du Sud-Est (ASEAN) n'ont malheureusement pas apporté d'espoir quant à une résolution pacifique du conflit.