La Banque centrale américaine se réunira aujourd’hui et demain afin de trancher sur l’option à choisir pour en finir avec la crise bancaire. Devant la Fed, le choix entre l’augmentation des taux d’intérêt et potentiellement alimenter la crise bancaire ou bien les maintenir à leur niveau et risquer une hausse de l’inflation.
Le monde des finances se demande vers quelle option penchera la Fed, va-t-elle opter pour une forte hausse d’un demi-point ou une hausse modérée d’un quart de point, ou bien ne pas augmenter du tout. Entre sauver des banques ou réduire l’inflation, la Fed se retrouve dans une situation pas très commode. «Les données économiques américaines, sur le marché du travail et l’inflation, soutiennent une hausse de 25 points de base soit un quart de point», déclare, à l’AFP, Rubeela Farooqi, économiste pour HFE, en expliquant que la priorité de la Fed c’est d’abord de juguler l’inflation qui pèse sur le pouvoir d’achat des Américains.
La Banque centrale américaine envisageait avant l’avènement de cette crise financière qui a emporté trois grandes banques américaines, une forte hausse des taux d’intérêt. Mais le contexte actuel pousse l’institution financière à revoir ses calculs. «Les récents événements ont totalement changé la donne, les tensions sur les marchés soulignent que la Fed doit désormais agir avec prudence afin d’éviter de mettre en danger plus de banques», estime Michael Gapen, chef économiste à la Bank of America.
De son côté, Nathan Sheets, chef économiste à la Citigroup Global, considère que «les responsables de la Fed devront trouver un équilibre entre les préoccupations liées à la stabilité financière et les préoccupations liées à l’inflation». La Fed a pour rappel opéré une série de relèvements de ses taux passant de 0 à 0,25% il y a un an pour arriver à 4,50 et 4,75% aujourd’hui.
Durant cette phase de crise bancaire qui a vu trois banques américaines faire faillite, la Fed a prêté 142,8 milliards de dollars et a vu son bilan grimper à 297 milliards de dollars alors qu’elle tentait de le réduire depuis juin 2022. Une situation qui influencera sa décision de ces deux jours de réunion car injecter plus de liquidités dans l’économie américaine risque d’aller à l’encontre de son objectif principal de réduire le niveau d’inflation. Cette dernière a atteint 6% sur un an aux Etats-Unis au mois de février dernier.
La Banque centrale européenne a de son côté, relevé jeudi dernier ses taux de 0,50 point en assurant ne pas faire de compromis entre stabilité des prix et stabilité financière. L’OCDE a également plaidé pour le maintien par les banques centrales d’une politique de taux élevés au moins jusqu’à 2024.
La Fed sera-t-elle du même avis ? On le saura lors de ces deux jours surtout que l’institution américaine devra également mettre à jour ses prévisions économiques. Notons que sur le marché boursier, les tensions persistent et les craintes des investisseurs demeurent intactes quant à la fiabilité du système bancaire.