Le lauréat du prix Nobel de la paix, Muhammad Yunus, a été déclaré coupable lundi d'infraction au droit du travail au Bangladesh, selon un procureur cité par l'AFP, dans une affaire que ses partisans estiment motivée par des considérations politiques.
Le procureur Khurshid Alam Khan a annoncé que le professeur Yunus et trois de ses collègues de Grameen Telecom avaient été reconnus coupables en vertu des lois sur le travail et condamnés à six mois d'emprisonnement. Les quatre accusés ont été immédiatement libérés sous caution en attendant l'appel.
"Nous avons prouvé que le professeur Muhammad Yunus et d'autres personnes ont enfreint les exigences de la législation du travail", a déclaré Khurshid Alam Khan à l'AFP avant le prononcé du jugement. Muhammad Yunus risque une peine maximale de six mois de prison en cas de condamnation, a précisé le magistrat, qui a ajouté : "Nous espérons que le tribunal prononcera la peine la plus lourde."
Le lauréat du prix Nobel fait face à une centaine d'autres accusations portant sur des violations présumées du droit du travail et des allégations de corruption. Muhammad Yunus, âgé de 83 ans, est célèbre pour avoir sorti des millions de personnes de la pauvreté grâce à sa banque de microcrédit novatrice. Cependant, il est en désaccord avec la Première ministre Sheikh Hasina, qui l'a accusé de "sucer le sang" des pauvres. Yunus est également considéré comme un rival politique de Sheikh Hasina, qui est pratiquement assurée de remporter un cinquième mandat lors des élections législatives à venir, boycotées par l'opposition.
En novembre, le lauréat du prix Nobel a affirmé aux journalistes qu'il n'avait tiré aucun profit des plus de 50 entreprises qu'il avait créées au Bangladesh. Selon Khaja Tanvir, un avocat de l'économiste, l'affaire est "sans valeur, fausse et injustifiée", poursuivant : "Le seul objectif de ce dossier est de le harceler et de l'humilier devant le monde entier." En août, 160 personnalités internationales, dont l'ancien président américain Barack Obama et l'ex-secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon, ont publié une lettre ouverte commune dénonçant le "harcèlement judiciaire continu" subi par le pionnier du microcrédit. Les signataires, parmi lesquels figurent plus d'une centaine de lauréats du prix Nobel, ont exprimé leur inquiétude quant à "sa sécurité et sa liberté".