Ya-t-il eu hier une coupure internet lors des épreuves du bac ? Non, à en croire les déclarations du ministre de l’Education nationale, Abdelhakim Belabed, qui a souligné qu’il n’y a «aucune raison de couper internet pendant le déroulement des examens du baccalauréat».
Il a ajouté dans ce contexte qu’il «n’y aura pas de coupures internet durant ces jours des épreuves». Il a précisé qu’il «est temps d’arrêter les mauvais comportements qui déforment et décrédibilisent cet examen. L’Etat a pris toutes les mesures nécessaires, en plus des lois contre quiconque tente de nuire ou de perturber les examens». Dans le même contexte, le représentant du gouvernement a révélé que «les mauvais comportements qui étaient apparents dans le passé en publiant et en divulguant des sujets d’examen ont été définitivement éliminés et seront traités par la loi».
En dépit de ces déclarations, les internautes ont constaté un ralentissement et de fortes perturbations de la connexion internet lors du début des épreuves et n’ont pu accéder aux réseaux sociaux. S’agit-il «des mesures prises» dont parle le ministre, ou est-ce la défaillance habituelle de l’opérateur Algérie Télécom ? Certains ont avoué qu’il ne s’agit pas techniquement d’une coupure à proprement parler, mais d’un fonctionnement internet en mode dégradé en limitant les flux de données. Mais ceci se fait au détriment du consommateur, notamment quand celui-ci regarde des vidéos sur Youtube, par exemple.
Cela consiste concrètement à jouer sur des réglages logiciels au sein des Dslams (des équipements permettant l’accès à la ligne d’abonné numérique). Durant les années précédentes, les observateurs et les experts ont attiré l’attention des pouvoirs publics sur le rôle primordial d’internet dans le secteur économique. Et apparemment, ils ont décidé de couper la poire en deux en optant pour une démarche qui écarte toute coupure délibérée apparente d’internet, se limitant à des restrictions sur des réseaux de partage spécifiques seulement durant la première moitié de la durée des épreuves.
Internet n’est pas un luxe
Il faut savoir que les technologies ne sont plus un luxe, un simple choix mais une nécessité. Les activités de plusieurs entreprises dépendent et reposent en grande partie ou exclusivement d’un bon débit internet (administration, services financiers). Dans le domaine du e-commerce, des sociétés peuvent enregistrer une baisse conséquente de leur activité et des pertes financières.
Il y a aussi des entreprises qui ne travaillent qu’avec internet, à l’instar de Yassir et Jumia. Lorsque l’on coupe internet, leur chiffre d’affaires chute brutalement. Autres secteurs à être impactés : les agences de voyages (réservations, promotions, paiements). Les banques, les multinationales, les assurances, les compagnies de transport aérien et les écoles de formation sont tous dépendants de la connexion internet.
Couper les télécommunications à l’ère du numérique et de l’économie de l’information signifie qu’on prend inutilement le risque de paralyser l’économie.
Cela montre aussi et surtout que l’on ne comprend pas le XXIe siècle : c’est ignorer l’époque dans laquelle on vit. Un bon débit internet n’est pas seulement nécessaire pour naviguer sur les réseaux sociaux, mais surtout pour enclencher une amélioration rapide de la qualité de service, accompagner les usagers et développer la maturité digitale du pays. Les pouvoirs publics ont aussi l’ambition de faire basculer l’administration vers la «e-administration».
Cette démarche s’oriente principalement vers la transition du secteur dans l’ère numérique, avec des échanges dématérialisés, se substituant progressivement au support papier. Un excellent réseau internet est primordial pour le développement du paiement électronique qui est un moyen permettant d’effectuer des transactions commerciales pour l’échange de biens ou de services.
Un bon débit internet est aussi nécessaire pour développer des applications qui ont le plus d’impact chez l’utilisateur et dans la société : éducation, commerce, administration, santé, agriculture et tourisme. «Pour la sixième année consécutive, l’Algérie est privée d’internet pour cause de bac. Les épreuves de l’examen de fin du cycle secondaire ont démarré ce dimanche 12 juin et les principaux services de messagerie et les réseaux sociaux étaient inaccessibles dès la matinée», a constaté le site TSA.
La mesure a été prise pour «éviter la triche». Internet et des réseaux sociaux font craindre aux autorités «une fraude massive et une fuite des sujets à grande échelle». Dans d’autres pays, on utilise des détecteurs et des brouilleurs contre la triche au bac. On ne sait pas si les autorités algériennes ont opté pour cette solution technologique opérationnelle qui a prouvé son efficacité dans plusieurs pays.