-Quelle est la superficie dédiée aux agrumes dans la wilaya de Blida ?
Il faut dire que notre wilaya est classée première à l’échelle nationale pour ce qui est de la superficie agrumicole. L’Algérie en compte 70 000 hectares, dont environ 30% sont situés à Blida, soit 23 000 hectares. J’aimerais souligner par l’occasion que les chiffres officiels émanant des services agricoles de la wilaya de Blida ne sont pas actualisés, puisqu’ils tournent toujours autour de 20 000 hectares.
-Qu’en est-il de la production ?
Là aussi, les chiffres ne sont pas actualisés. La direction des services agricoles de la wilaya de Blida (DSA) prévoit une production de plus de 4 millions de quintaux pour cette saison (2023/2024), alors que nous, producteurs, pouvons rassurer que la barre des 5 millions de quintaux d’agrumes peut facilement être atteinte.
Il faut dire que nous récoltons le fruit d’une plantation massive dans les années 2010 et le remplacement des vieux vergers, ce qui explique l’augmentation de la production. Il y a aussi un savoir et un savoir-faire acquis à Blida dans le domaine depuis des décennies, et ce, vu la vocation de la région. Parmi les agrumes qu’on trouve en abondance à Blida figure la clémentine, avec et sans pépins, la mandarine, les différentes variétés d’orange (navel, Thomson, Washington, sanguine...), le citron, le pamplemousse...
-On constate que les prix sont plus ou moins abordables cette saison. Quel est votre commentaire dans ce sens ?
Effectivement, les prix sont relativement bas par rapport aux années précédentes. L’orange et la clémentine et même le citron peuvent être cédés à 100 DA le kilo chez le vendeur direct. Les prix ont considérablement chuté avec une baisse de presque 100% par rapport à une certaine époque. Cela est dû à plusieurs facteurs. Je peux citer l’offre qui dépasse largement la demande, la disponibilité de plusieurs agrumes en même temps.
Rien que pour l’exemple, la clémentine, qui est censée être mise sur le marché à partir du mois de septembre, n’a été disponible que récemment. Cela a coïncidé avec la disponibilité des premières variétés d’oranges et autres agrumes, un retard causé par les aléas climatiques, dont la sécheresse. Cette production «groupée» a fait que plusieurs variétés d’agrumes soient disponibles en même temps, alors que logiquement, un écart devrait exister entre chaque variété. Cette disponibilité, en masse, a certainement joué sur les prix.
Mais toujours est-il et en toute sincérité, les prix restent inabordables pour plus d’un, et ce, en dépit de leur baisse. Acheter régulièrement des agrumes pour faire le plein de vitamine C n’est pas à la portée de tous.
-Et le marché manque de traçabilité, n’est-ce pas ?
Effectivement. Nous demandons plus d’organisation du marché. Cela doit commencer par la généralisation de la facturation, à partir du producteur jusqu’au dernier vendeur. Cela créera une meilleure traçabilité et une meilleure organisation dans notre commerce. Et surtout pour mieux connaître la provenance du produit et sa destinée. Il faut dire que nous, producteurs, souffrons du phénomène du vol. Malheureusement, nos agrumes volés sont parfois cédés dans l’informel, surtout sur les abords des routes. Nous interpellons les autorités compétentes à fin d’opérer des contrôles pour connaître la provenance des produits et imposer le recours à la facturation pour combattre le phénomène du vol, tant préjudiciable pour nous.
-Qu’en est-il de l’exportation ?
A vrai dire, l’exportation est un métier à part. Les producteurs ne sont pas forcément de bons exportateurs. Pour ne pas dire qu’ils ne connaissent même pas le b.a.-ba de ce métier. Pour cela, les entreprises spécialisées dans l’exportation et maîtrisant les normes dans le domaine sont les bienvenues chez nous pour s’entendre sur un éventuel programme gagnant-gagnant. Blida regorge de producteurs de bonnes et délicieuses agrumes. Une variété de mandarine nommée Blida est très appréciée par des connaisseurs en France de par son goût et ses senteurs. Les pays d’Afrique et du Golfe semblent des pays intéressants. Mais à mon avis, et ça n’engage que moi, il me semble qu’il serait plus intéressant de satisfaire la demande locale tout d’abord avant de passer à la phase export.
Propos recueillis par Mohamed Benzerga