Après dix ans de déni, le gouvernement australien a conclu hier un accord décisif sur le climat, qui va contraindre les plus gros pollueurs du pays à réduire leurs émissions.
En vertu de cet accord, les 215 installations les plus polluantes d’Australie, telles que les mines de charbon et les centrales à gaz, devront réduire leurs émissions nettes de près de 5% par an jusqu’en 2030. Les combustibles fossiles et l’exploitation minière constituent l’épine dorsale de l’économie australienne.
Les tentatives pour réduire la pollution au carbone ont été mises à mal ces dernières années par d’âpres querelles politiques. Le gouvernement de centre gauche est parvenu à cet accord après plusieurs semaines de négociations tendues avec le parti des Verts.
L’Australie fait enfin face à ses obligations après «10 ans de déni, de retard et d’inaction», a déclaré le Premier ministre, Anthony Albanese. Le pays s’engage à réduire ses émissions de 43% avant la fin de l’année 2030, ce qui permettra de retirer quelque 200 millions de tonnes de carbone de l’atmosphère, prédit le gouvernement.
Le texte adopté devrait être soumis au Parlement cette semaine et entrer en vigueur le 1er juillet. Auparavant sceptiques, les Verts, dont le soutien est nécessaire pour faire passer le texte au Sénat face à l’opposition des conservateurs, ont accepté de soutenir le plan après avoir convaincu le gouvernement de fixer un plafond strict pour les émissions.
Les entreprises devront ainsi réduire leur niveau de pollution chaque année. Alors que certains défenseurs de l’environnement ont déclaré que ces réductions étaient trop faibles, l’industrie minière australienne a prévenu que cette nouvelle politique pourrait entraîner des pertes d’emplois massives.
Les géants miniers mondiaux Rio Tinto et BHP, exploitants en Australie, seront contraints de se mettre en conformité. Pour David Schlosberg, directeur de l’Institut de l’environnement de Sidney, ce plan est «meilleur que la politique d’inaction menée par l’Australie depuis plus d’une décennie», mais ce n’est là qu’un début.
L’Australie est l’un des plus grands exportateurs de charbon au monde et en conséquence l’un des plus grands retardataires en matière de défense du climat. Pendant plus d’une décennie, les querelles politiques ont paralysé les tentatives de réduction des émissions.
Mais une série de graves catastrophes naturelles a contribué à convaincre les dirigeants à prendre au sérieux l’urgence climatique, notamment les inondations catastrophiques de 2022 sur la côte est de l’Australie et les incendies de l’été noir de 2019-2020, qui ont brûlé plus de huit millions d’hectares de végétation.
Le gouvernement travailliste de M. Albanese a été porté au pouvoir l’année dernière en promettant de rompre avec la politique favorable aux combustibles fossiles du gouvernement conservateur précédent.