Le tribunal correctionnel d’El Hadjar, relevant de la cour de justice de la wilaya de Annaba, a décidé, avant-hier, de détenir provisoirement 60 individus à la faveur d’une comparution immédiate dont les auditions ont duré plus de 24 heures.
Selon le parquet de cette instance judiciaire, les présumés mis en cause sont poursuivis pour «entrave au fonctionnement normal d’un établissement public avec menace et usage d’armes», «agression avec violence d'éléments de la force publique dans l’exercice de leurs fonctions», «participation à une rixe», «désobéissance», «réunion de bandes de quartier ayant entraîné des coups et blessures», «destruction volontaire de biens» et «incitation à un attroupement armé». Le tribunal d’El Hadjar a ordonné le report de l’audience au 22 mars 2023.
Dans le détail, l’affaire remonte au 9 mars lorsque les mêmes services de sécurité ont reçu, selon toujours la même source, un appel de détresse faisant état de la séquestration d’une femme par son mari, avec menace à l’arme blanche. L’intervention des éléments de la sûreté de Sidi Salem a permis la libération de la victime. Conduit par le bourreau de la victime, un groupe d’individus armés et accompagnés de chiens d’assaut ont essayé, une heure plus tard, de forcer l’accès au siège de la sûreté urbaine de Sidi Salem. Les assaillants ont violenté et blessé plusieurs fonctionnaires de la sûreté urbaine de Sidi Salem causant, au passage, d’importants dégâts aux biens publics et privés.
Outre la mise hors d’état de nuire des 60 mis en cause, 15 autres individus, présumés impliqués dans l’affaire dite «Sidi Salem», sont actuellement activement recherchés. Un avis de recherche illustré par les portraits des personnes recherchées a été rendu public, invitant les citoyens à les dénoncer immédiatement auprès des institutions sécuritaires.
Notons que l’arrestation des 60 présumés accusés dans les incidents de Sidi Salem a été rendue possible grâce à une opération d’assaut, assurée par les éléments de la brigade de recherche et d’investigation (BRI). Un important lot d’armes blanches, des quantités de drogue et de psychotropes et des véhicules ont été saisis lors des perquisitions de leurs maisons, tôt le lendemain des incidents.
Force est de rappeler que la cité Sidi Salem est un réceptacle de tous «les maux sociaux», comme aiment à les nommer les sociologues. Et pour cause, Sidi Salem n’assume pas les mutations générées par le développement économique. Ce n’est pas un hasard si les manifestations de violence y sont cycliques. Les «exclus» s’expriment souvent violemment, à mains armées, en prenant pour cible les institutions, sécuritaires soient-elles.
Ses atouts multiples, en l’occurrence un potentiel touristique non négligeable, une position stratégique face à la mer et les infrastructures, industrielle et aéroportuaire, ne sont pas parvenus à l’extirper de son état de sous-développement. Ces richesses ne semblent pas exploitées à bon escient pour pouvoir répondre aux attentes multiples de ses habitants.