Le président du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), Atmane Mazouz, s’exprime à nouveau sur l’annonce d’un dialogue national ouvert faite par le président Abdelmadjid Tebboune.
Intervenant lors d’une conférence de presse, animée hier à Alger, il affirme que «le pouvoir ne peut pas tourner le dos au message des millions d’Algériens qui ont boudé les urnes lors du dernier scrutin». «Comme nous l’avons prédit plusieurs mois avant, le rejet de l’élection présidentielle était massif sur tout le territoire national. Je crois que Tebboune doit prendre en compte ce message des Algériens. L’ignorer, c’est prendre le risque de mettre le pays dans un tourbillon qui pourrait l’emporter», met-il en garde. Tout réitérant la disposition de sa formation politique à prendre part à tout dialogue sérieux, le leader du RCD alerte contre les dangers de maintenir le statu quo. «La violence ne mène à rien. Il faut aller au dialogue (…) J’espère que l’appel de Tebboune émane d’une sérieuse analyse de la situation que vit le pays», lance-t-il, rappelant au passage que son «parti était le premier à appeler à un débat national».
Et d’ajouter : «Dans la déclaration de notre secrétariat national en date du 13 septembre, nous avons livré l’essentiel de notre analyse de ce scrutin. Pour nous, ce scrutin dans son déroulement et ses résultats doivent constituer un signal d’alarme pour opérer une halte et réunir les conditions d’un contrat social forcément inclusif.»
Poursuivant, Atmane Mazouz estime que «toute sortie de crise passe par la volonté politique de donner la parole au peuple dans un débat national libre et un dialogue qui inclut toutes les forces politiques et sociales en vue de redonner confiance et de réunir les conditions de véritables choix souverains». «Dans ces conditions, l’expression de cette volonté politique ne peut faire l’économie de mesures de détente et d’apaisement aux plans social et des libertés», déclare-t-il.
Ces mesures, ajoute-t-il, portent sur «la cessation immédiate du harcèlement policier et judiciaire contre les militants politiques, associatifs et contre les citoyens qui expriment leurs opinions» et la «levée de l’interdiction qui frappe de nombreux citoyens (résidents ou dans la diaspora) dans leur droit de circulation à l’intérieur comme à l’extérieur du pays».
Elles concernent aussi, selon lui, «l’ouverture des champs politique et médiatique et l’abrogation des lois liberticides comme l’article 87 bis», ainsi que «la libération des prisonniers politiques et d’opinion, de tous les détenus du hirak et la révision de tous les procès expéditifs comme celui des détenus de Larbaa Nath Irathen». «Pour toutes ces mesures de détente, les mécanismes légaux existent», précise-t-il. Affirmant que le parti «n’a pas été contacté pour l’instant pour prendre part au futur dialogue», le président du RCD estime également que la «poursuite de ce statu quo de rigueur vire au blocage de la vie politique, économique et sociale».
Évoquant la situation socioéconomique, l’orateur assure que «les conditions de précarité de l’immense majorité ne peuvent être traitées par des effets d’annonce». «Pour nous, le véritable baromètre de l’expression de la volonté de soulager et redonner confiance passe par la nouvelle loi de finances en cours de préparation», explique-t-il.