La salle des conférences de la Maison de la culture et des arts Ahmed Rédha Houhou de Biskra a abrité, jeudi dernier, une assemblée générale des membres et affiliés au bureau local de l’Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA) dans le but de sensibiliser et inciter ces professionnels à adhérer et s’inscrire au système national du registre de commerce électronique (RCE) et à enrichir la nomenclature nationale des produits et denrées fabriqués localement pour ne plus les importer.
Très vite, cette rencontre technique a été ponctuée de saillies verbales et de coups de gueule, mais aussi de larmes des représentants des corporations professionnelles et organisations patronales qui ont profité de cette tribune pour exprimer leur profond désarroi et malaise diffus qu’ils imputent non seulement à la crise économique exacerbée par la pandémie de la Covid 19, mais aussi aux lourdes charges fiscales et aux taux élevés des cotisations à la Casnos, ainsi qu’à la sourde oreille des autorités concernées quant à la prise en charge effective de leurs revendications et difficultés maintes fois signalées, ont-ils déploré.
Le représentant des commerçants a expliqué que le marché de gros des fruits et des légumes de Biskra, le quartier marchand d’El Boukhari et les artisans y activant sont dans des états de déliquescence et de dégradation avancés au profit de personnes et de bandes organisées faisant fi de toutes les règles et des lois en vigueur. «L’anarchie et l’informel tuent le commerce légal», a-t-il rappelé.
Celui des transporteurs a axé sa diatribe sur la mauvaise gestion et les dysfonctionnements entourant la gare routière de Biskra inaugurée en 2012. «Cette gare routière lugubre et non sécurisée est devenue le repaire des fraudeurs et des courtiers orientant les voyageurs vers leurs acolytes alors que les professionnels légaux sont soumis à des contraintes intenables.
Plus de 200 autobus de transport des voyageurs passent par Biskra chaque jour sans y entrer et les passagers sont laissés dans une station-service mitoyenne de jour comme de nuit», a-t-il lancé. Le porte-parole des bouchers s’est élevé contre le monopole exercé par un abattoir industriel et la fermeture des abattoirs communaux «permettant en cas de réhabilitation de faire jouer une saine concurrence et de créer des postes d’emploi», selon ses dires.
Une dame activant dans le secteur de la coiffure et des soins esthétiques a expliqué que son activité est en voie de résurrection après des mois de stagnation, mais que les exigences de l’administration fiscale et des organismes sociaux, ainsi que l’augmentation fulgurante des coûts de location en obéraient gravement le devenir.
UN TAS DE MÉTIERS EN DIFFICULTÉ
Le délégué des boulangers et pâtissiers s’est offusqué, lui, de ne plus pouvoir exercer son métier, car «le prix actuel de la baguette cédé aux consommateurs à 10 DA l’unité ne permet plus une rentabilité assurant des gains tout en s’acquittant des frais induits par les coûts mirobolants de l’électricité, du gaz des intrants et de la masse salariale de la main d’œuvre de plus en plus exigeante», a-t-il souligné.
Les architectes et les gérants des bureaux d’études, d’auto-école et d’agences de tourisme et des promoteurs immobiliers ont aussi ajouté leurs flots de récriminations et de problèmes à ce torrent de déconvenues déversé par des commerçants, artisans et prestataires de services lesquels appellent les autorités locales et l’État à agir en urgence pour réorganiser ces secteurs et permettre une revivification de leurs activités offrant à des dizaines de familles de quoi subvenir à leurs besoins. «L’UGCAA porte l’ambition d’être un réceptacle de toutes les revendications et préoccupations ainsi que des difficultés multiformes endurées par ses adhérents et d’être surtout une courroie de transmission de celles-ci vers les autorités concernées.
Nous soutenons la politique du président de la République et exhortons les opérateurs de tous les secteurs commerciaux, agricoles et industriels à l’union et à la constitution d’une cellule de réflexion et de propositions pour lever toutes les embûches et les obstacles grevant l’épanouissement de la Reine des Ziban», a déclaré Abdelmadjid Khobzi, investisseur dans plusieurs créneaux et vice-président chargé de l’organisation à l’UGCAA.
«Nous voulons vivre et participer au développement de notre région que nous chérissons tant. Biskra compte 30 000 commerçants, artisans et prestataires de service dont 74% sont inscrits au RCE. Chacune des corporations professionnelles pâtit de certains maux et dérèglements que nous pouvons identifier et aplanir en proposant des solutions et des mesures concrètes.
En tant qu’instance syndicale, nous œuvrons d’arrache-pied pour étendre notre réseau et ouvrir des représentations dans toutes les communes. Il y aura des réunions cycliques et l’ouverture de dossiers sur des activités ciblées en fonction des priorités», a confié Fatiha Boulanouar, présidente de l’UGCAA de Biskra laquelle s’est dite «fière et nullement surprise» par le franc-parler des présents à cette assemblée, certes houleuse, mais aussi constructive, a-t-on relevé.