Arfaoui Benarfaoui est un professeur en électromécanique à l’université de Biskra. Il a fondé une start-up dédiée au diagnostic électronique des automobiles, dont la réputation s’étend à toute l’Afrique et à l’Europe où un magazine français spécialisé place son Ecole de maintenance automobile parmi les plus performantes du monde. Il alerte sur la nécessité d’anticiper les effets de la digitalisation effrénée du secteur de la réparation électrotechnique des véhicules.
- Quelle est la nouvelle problématique à laquelle sont confrontés les professionnels du diagnostic électronique des véhicules ?
En termes simples, le technicien reçoit un véhicule. Il tente d’accéder à son électronique avec un outil de diagnostic pour effectuer une lecture de mémoire ou de paramètres ou effectuer la remise à zéro (RAZ) d’un voyant de maintenance, mais l’accès aux données du véhicule lui est refusé.
Tout simplement l’accès est refusé par le constructeur du véhicule. La passerelle de sécurité Gateway équipant les véhicules fait barrage aux échanges de données entre les calculateurs et les dispositifs OBD.
Sans une autorisation du constructeur, le technicien ne peut absolument rien faire. Il se retrouve démuni et incapable de réparer la panne à cause des nouvelles mesures imposées par les constructeurs pour restreindre l’accès aux logiciels embarqués du véhicule.
- Pourquoi les constructeurs durcissent-ils l’accès à ces logiciels ?
Le verrouillage numérique mis en place par les constructeurs vise à prévenir les attaques de pirates informatiques sur les systèmes des véhicules. Depuis plusieurs années, ils font face à la cybercriminalité sur leurs parcs roulants.
Certains véhicules autonomes munis du système ADAS ont fait l’objet de «piratage» en cours de conduite, avec dans certains cas une perte de contrôle du véhicule.
Les nouveaux modèles de véhicules commercialisés sont équipés d’un accès au diagnostic sécurisé par le biais de verrous électroniques que l’on peut ouvrir après une reconnaissance par le constructeur de la légitimité du réparateur.
Le technicien en diagnostic électronique automobile (TDEA) doit s’inscrire pour avoir un compte chez les constructeurs et s’acquitter des droits pour le service via le Passthru, qui est un protocole de communication permettant d’avoir les informations pour télécharger des logiciels et des mises à jour et la plateforme Gateway adjointe aux calculateurs embarqués sur le véhicule.
Celle-ci gère la communication entre tous les calculateurs du système avancé d’aide à la conduite ADAS qui est un dispositif d’assistance évitant la survenue d’une situation dangereuse, libérer le conducteur des tâches atténuant sa vigilance, l’assister dans sa perception de l’environnement et lui permettre de réagir de manière anticipée.
Ce sont des notions que tous les techniciens devront maîtriser.
- Ces nouvelles mesures restreignant l’accès à électronique des véhicules ont-elles des avantages pour les réparateurs algériens ?
En plus de l’accès aux fonctionnalités pour le diagnostic, l’entretien et la reprogrammation des calculateurs, le réparateur indépendant aura à sa disposition tous les documents techniques d’origine des constructeurs et les données nécessaires pour le diagnostic et la réparation.
Un autre avantage est qu’il utilisera un seul outil de diagnostic pour accéder aux sites de tous les constructeurs.
Sous condition que cet outil soit conforme à la norme J2534 et que l’opérateur soit dûment inscrit, il pourra acheter des jetons en fonction de ses besoins.
Grâce à l’utilisation de ces données, il dispose des capacités pour mener à bien sa tâche. À travers la création d’un livret d’entretien électronique, l’identification des composants et le type de câblage des véhicules et la connaissance du codage des clés, il sera à la hauteur de sa mission.
- Les formateurs en diagnostic électronique appréhendent-ils la profondeur des mutations bouleversant l’activité ?
L’Algérie doit se préparer à de profondes mutations dans beaucoup de secteurs et notamment dans la maintenance électronique des automobiles.
Pour être au diapason des avancées technologiques, des centaines de professionnels doivent s’initier aux nouvelles technologies et aux moyens d’accéder aux ordinateurs de bord des véhicules. Ils pourront télécharger des logiciels et mettre à jour des calculateurs et appairer de nouveaux composants afin de détecter et réparer des pannes.
Cela nécessite un débit internet de 100 Mo régulier pendant des heures sinon le téléchargement se bloque au risque de se retrouver avec un véhicule immobilisé. Formadiesel est à la pointe des nouvelles technologies et propose des formations de qualité internationale.
Les centres de formation professionnelle sont appelés à renforcer les acquis de leurs formateurs dans la maîtrise des outils de diagnostic électronique en introduisant les notions de Gateway, de Passthru et de Diagnostic over internet protocole (DOIP).
Notre école s’engage à prodiguer des cours en présentiel et en distanciel au profit des spécialistes et des novices en diagnostic électronique voulant parfaire leurs connaissances.