Décidément l’arbitrage algérien n’arrêtera pas de faire des siennes. A sa tête, les hommes changent mais la situation reste la même. C’est-à-dire peu reluisante. Il a atteint le point de non-retour. Depuis des années, il ne se passe plus une saison, une journée, sans que l’arbitrage soit mis à l’index.
La saison en cours n’y échappe pas. Depuis le début de l’exercice 2023-2024, les mauvaises appréciations, pour ne pas dire les fautes, des hommes en noir s’enchaînent. Rien ne semble pouvoir les arrêter. Ni les mises en garde répétées des responsables de la fédération ni les sanctions prononcées (pas de désignation, le frigo) n‘ont changé grand-chose. Que faire ? C’est la question que se posent tous ceux qui s’intéressent à ce segment important du football. Là, on parle de la vitrine, c’est-à-dire des matchs des Ligues 1 et 2 à forte exposition médiatique.
L’arbitrage d’en bas (divisions inférieures) se passe de commentaires pour des raisons évidentes, liées à l‘absence de médiatisation et d’exposition. A ce niveau, souvent les rencontres sont le théâtre de massacres à huis-clos. A la longue, des observateurs ont fini par se demander si la mauvaise qualité de l’arbitrage en Algérie n’est pas une fatalité ? Toutes les thérapies essayées n’ont pas donné l’effet escompté.
Les «réformettes» initiées ici et là n’ont rien produit. Cela signifie que le problème est plus profond que ne le pensent ceux qui ont préconisé des solutions en surface, tape à l’œil. Croire que l’arbitrage est malade seulement de «ses» hommes, c’est faire fausse route.
Agir sur les désignations sans se soucier des capacités de nuisance d’une frange d’acteurs qui régente l’ensemble des éléments constitutifs du système de l’arbitrage est une perte de temps et d’énergie. La formation et la sélection à la base sont biaisées. Le favoritisme, le copinage, le passe-droit sont devenus une règle admise et acceptée par tous. Lorsque des arbitres émargeant à la liste de la haute hiérarchie des hommes en noir influent négativement sur l’issue d’une rencontre ou d’une compétition est intolérable.
A priori, les responsables fédéraux qui se sont succédé à la tête de l’instance faîtière, dont plusieurs ont fait des mains et des pieds pour prendre la direction de l’arbitrage, n’ont pas trouvé la formule magique pour redresser la situation. La vidéo assistance referee (VAR) a réglé en grande partie les problèmes d’arbitrage en effaçant les «erreurs humaines» des arbitres. En Algérie, à priori, le recours à la VAR reste un vœu pieux.
Son prix (60 millions d’euros par an) semble au-dessus des possibilités financières actuelles de la FAF. Sa généralisation pose problème. A l’heure actuelle, beaucoup d’enceintes ne répondent pas aux exigences qu’impose le cahier de charges en la matière. La première chose à faire est de revoir totalement la formation des arbitres et le choix des formateurs. En 6 ans, des hommes se sont succédé à la tête de la commission fédérale d’arbitrage (CFA), des formateurs et des évaluateurs sont passés par là sans que le niveau général ne s’améliore.
Pour rendre à l’arbitrage algérien ses lettres de noblesse, il faut faire le tri et le ménage. Mieux, il serait opportun de diligenter une grande et véritable enquête sur tous les hommes de l’ombre qui gravitent autour de l’arbitrage et qui ont sali son image. Des hommes au fait de tout ce qui se trame dans le milieu de l’arbitrage peuvent contribuer au nettoyage qui est devenu plus qu’une nécessité. Ils prétendent connaître, un à un, en tenue d’arbitre ou en costume, tous ceux qui ont achevé l’arbitrage.
Dans sa quête d’éradication du chancre qui tue l’arbitrage à petit feu, la fédération serait bien inspirée de recourir à la solution des repentis. C’est la mieux indiquée pour identifier et chasser une fois pour toutes les prédateurs qui ont séquestré l’arbitrage sous les yeux de tous.