Quelques jours seulement après le drame des deux jeunes retrouvés morts dans l’une des parties d’un avion d’Air Algérie et qui avait suscité une vive émotion parmi les Algériens, les premières sanctions sont tombées.
La réaction a été très rapide : il fallait empêcher qu’un tel événement puisse se reproduire, surtout qu’il a eu un impact fort négatif sur l’image de l’Algérie.
Plusieurs hauts responsables de la Direction générale de la Sûreté nationale au niveau de la police des frontières et de l’aéroport d’Alger ont été limogés hier de leurs postes, selon El Hayat TV. Le premier à être concerné par cette décision est le directeur de la police des frontières, qui a été démis de ses fonctions, ainsi que son adjoint de la police des frontières aériennes.
Parmi les autres responsables qui ont payé cash, figurent le directeur de police des frontières de l’aéroport de Houari Boumediène, le chef de l’équipe de la sécurité des aéronefs, celui de la brigade de sécurité et de surveillance, le chef de la sûreté et l’agent de sécurité du tarmac de l’aéroport Houari Boumediène.
L’enquête enclenchée a visiblement décelé de grandes failles de sécurité, voire de la négligence, ce qui est inadmissible dans ce genre de sites très stratégiques.
En effet, les aéroports sont considérés comme des zones très sensibles, particulièrement exposées aux risques, la sûreté aéroportuaire doit être sans faille.
La surveillance et protection des aéronefs sont essentielles pour s’assurer que chaque personne qui entre dans l’avion est autorisée. Les systèmes de patrouille visent à surveiller les aéronefs à la demande des compagnies aériennes.
Le drame a jeté l’émoi et soulevé plusieurs interrogations, notamment sur les réseaux sociaux. Comment se fait-il que ces deux jeunes aient pu arriver jusqu’à l’avion alors que l’aéroport international d’Alger est l’un des plus sécurisés et des plus surveillés du monde, selon des rapports internationaux, avec un déploiement massif des services de sécurité ?
Ont-ils bénéficié de complices qui les ont accompagné discrètement jusqu’à l’avion ?
Rappelons qu’il y a au moins trois contrôles pour y accéder à l’aéroport : la police à l’entrée principale avec passage au scanner des bagages et fouille corporelle (poste d’inspection et de filtrage), la PAF pour les vérifications d’identité et les visas des passagers et la douane pour contrôler la somme d’argent que détient le voyageur (les devises). Il y a des agents de sécurité qui font des rondes sur le tarmac… sans oublier les caméras de surveillance.
L’aéroport est une zone hautement sécurisée où l’accès n’est autorisé qu’au personnel exerçant au sein du site et détenant un badge biométrique, qui mentionne l’heure, l’objet et le nombre de déplacements et les destinations de son propriétaire.
D’autres décisions qui «concernent des dirigeants de la SGSIA, société gérante de l’aéroport d’Alger, pourraient tomber dans la foulée. Cette dernière avait été avertie de l’existence de zones de l’aéroport qui étaient mal clôturées, dont pourraient profiter des candidats au voyage clandestin, notamment après l’incident de l’aéroport de Constantine en mars dernier», rapporte le site web Visa-Algérie. Les autorités ont voulu frapper un grand coup et lancer un message très clair sous forme d’avertissement : aucune négligence ne sera dorénavant tolérée.
La sécurisation des aéroports est primordiale
Il n’est pas exclu que d’autres sanctions pourraient suivre aussi concernant la compagnie nationale Air Algérie, qui est aussi empêtrée dans des scandales. Des employés de la compagnie aérienne nationale ont déjà été impliqués dans un trafic en France.
Les mis en cause seraient liés à un trafic de médicaments et de psychotropes qu’ils acheminaient vers l’Algérie à bord des vols d’Air Algérie. Alors que certaines sources avançaient l’hypothèse de services rendus à des malades en Algérie, la quantité envoyée avoisine les deux tonnes, selon le journal Le Parisien, ce qui lève le doute sur la nature du trafic.
Des stewards d’Air Algérie sont impliqués dans un large réseau de vol et de trafic de téléphones portables de Rennes (France) vers l’Algérie.
L’aéroport est assurément un lieu posant des enjeux de sécurité stratégiques de manière de plus en plus accrue au fil des dernières années. De par sa superficie considérable et les flux continus de voyageurs en provenance du monde entier et à destinations d’autres pays, la sécurisation d’un aéroport est à la fois d’une importance primordiale et d’une grande complexité.
Face aux enjeux de sécurité posés par les aéroports, en tant que porte d’entrée et de sortie sur un territoire, et interface entre espace national et transnational, il est évidemment indispensable de choisir et de maintenir un niveau de sécurisation optimal.
Les responsables au niveau des aéroports doivent s’adapter aux nouvelles formes de menaces, voire à les anticiper, en redoublant d’efforts et d’innovations.
La menace se déplace par ailleurs à l’échelle même d’un aéroport, autrefois à bord des avions ou sur le tarmac (détournement et prise de contrôle d’un avion) et aujourd’hui jusqu’en zone publique dans les aérogares.
Il faut s’efforcer à établir un ensemble d’actions correctives, indépendantes les unes des autres de manière à constituer autant de filets successifs. Le contexte actuel des risques et des menaces exige que la sûreté soit une priorité. La moindre erreur ou baisse de vigilance peut être fatale.
Rappelons qu’après plusieurs années passées à la tête de l’aéroport d’Alger, Tahar Allache a été démis de son poste le 31 mai dernier. Les raisons de ce limogeage n’ont pas été précisées à ce jour ni par les hautes autorités ni par le ministère des Transports.