Après la Californie, où l’idée de réparations financières pour compenser l’héritage de l’esclavage et du racisme sur les Afro-Américains fait son chemin, l’Etat de New York va se pencher à son tour sur cette question délicate et controversée, a annoncé mardi sa gouverneure démocrate.
«A New York, nous aimons croire que nous sommes du bon côté de l’Histoire, que l’esclavage était une création du Sud et des Etats confédérés», a déclaré la gouverneure Kathy Hochul, le quatrième le plus peuplé des Etats-Unis (20 millions d’habitants) qui comprend la mégapole New York et des régions plus rurales jusqu’à la frontière avec le Canada.
Mais, souligne son communiqué, «il y avait, avant la Révolution américaine (1776), plus d’Africains asservis dans la ville de New York que dans toute autre ville, à l’exception de Charleston, en Caroline du Sud, et la population d’Africains asservis représentait 20% de la population de New York». Ces esclaves pouvaient être employés comme domestiques ou dans la construction à New York.
En signant une nouvelle loi adoptée en juin dernier par le parlement local, Kathy Hochul a donné son feu vert à la création d’une commission d’experts chargée d’«examiner l’héritage de l’esclavage, les discriminations subséquentes à l’encontre des populations de descendance africaine et leur impact encore actuel, par exemple sur l’accès au logement, à l’éducation, ou les incarcérations», souligne un communiqué officiel.
Si l’esclavage a été aboli dans l’Etat de New York en 1827, avant l’abolition au niveau fédéral des Etats-Unis (1865), il «a fait partie intégrante du développement de l’Etat de New York et ses conséquences (...) peuvent encore être observées aujourd’hui», ajoute l’Etat. La commission a pour tâche, au plus tard un an après sa première réunion, de faire des propositions «d’actions pour remédier à ces inégalités de longue date».
Solidement ancrée à gauche, la Californie avait été le premier Etat américain à avoir mis en place un tel comité après la vague de manifestations antiracistes provoquée par la mort, en 2020 à Minneapolis, de George Floyd, un Afro-américain tué par la police. Son rapport, remis en juin dernier, a recommandé à l’Etat de verser des réparations financières aux communautés victimes de ces discriminations.
En mars dernier, la ville de San Francisco, toujours en Californie, avait été elle le théâtre d’une vive polémique après la présentation devant le conseil municipal d’un plan de «réparations» pour compenser l’héritage du racisme systémique, qui proposait d’attribuer cinq millions de dollars à chaque Afro-Américain de la ville. Un projet «absurde»w et irréaliste du point de vue budgétaire, selon l’opposition républicaine locale.