Après avoir reporté sa visite : Le secrétaire d’Etat américain à Pékin le 18 juin

11/06/2023 mis à jour: 01:55
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Antony Blinken, secrétaire d’Etat américain

Le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken se rendra le 18 juin en Chine, une visite qui a été reportée en février à la suite de l’incursion d’un ballon chinois dans l’espace aérien des Etats-Unis. 

C’est ce qu’ont annoncé vendredi des responsables américains, cités hier par l’AFP. Ce serait la première visite d’un haut diplomate américain en Chine depuis le voyage de son prédécesseur Mike Pompeo en octobre 2018, ont précisé ces responsables qui ont requis l’anonymat. Le porte-parole du Conseil de sécurité nationale, John Kirby, a récemment déclaré que Washington communiquerait «dans un avenir proche» au sujet des voyages de hauts responsables américains, sans toutefois donner plus de détails. 

En novembre dernier, le président américain Joe Biden et son homologue chinois Xi Jinping se sont rencontrés lors du sommet du G20 en Indonésie. Les deux dirigeants ont accepté de coopérer sur certains dossiers lors de leurs échanges. 

Les relations entre les deux puissances se sont à nouveau tendues en début février après le survol du territoire américain par un ballon chinois considéré comme espion par Washington. En conséquence, Antony Blinken a annulé son voyage en Chine. Le ballon a fini par être abattu par l’armée états-unienne. 

L’Empire du Milieu a observé qu’il s’agit d’un aéronef civil qui a pour mission de recueillir des données météorologiques. Il a accusé Washington d’avoir «surréagi» en employant la force et affirmé se «réserver le droit» de répliquer. Le 9 février, Lloyd Austin, le secrétaire à la Défense des États-Unis, propose une conversation téléphonique au ministre chinois de la Défense. Celui-ci ne répond pas. 

Ce silence est expliqué par le porte-parole du ministère, Tan Kefei, par le fait qu’en attaquant le ballon, les États-Unis ont «gravement violé les pratiques internationales et créé un très mauvais précédent. Cet acte irresponsable et gravement erroné n’a pas créé un climat propice au dialogue et aux échanges entre les deux armées».

 Le 13 février, un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Wang Wenbin, a déclaré que «rien que depuis l’année dernière, des ballons états-uniens ont survolé le territoire de la Chine à plus de dix reprises, sans aucune autorisation». Il a ajouté que Pékin a géré ces incursions «de manière responsable et professionnelle». 
 

Tension et option apaisement

Les Etats-Unis se méfient de la montée en puissance de la Chine et la placent dans une espèce de «piège de Thucydide». Le 3 mars 2021, le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, a qualifié la Chine de «plus grand défi géopolitique du XXIe siècle». Il voit en ce géant asiatique «le seul pays avec la puissance économique, diplomatique, militaire et technologique susceptible d’ébranler sérieusement le système international stable et ouvert, toutes les règles, valeurs et relations qui rendent le monde tel que nous voulons qu’il soit». 
 

Malgré la promesse américaine d’un «dégel», les deux pays continuent de croiser le fer sur les questions de Taïwan, des revendications territoriales chinoises en mer de Chine ou encore celle des puces électroniques. Les relations de dégradent encore avec le conflit russo-occidental sur l’Ukraine. 

Selon le Pentagone, Pékin a rejeté une proposition de rencontre formelle à Singapour, affirmant que les Etats-Unis savent «clairement pourquoi il existe actuellement des difficultés de communication militaire entre la Chine et les Etats-Unis».  Li Shangfu, devenu ministre de la Défense en mars, a été sanctionné par le gouvernement américain en 2018 pour avoir acheté des armes russes. Mais le Pentagone affirme que cela n’empêche pas le secrétaire américain de la Défense Lloyd Austin de dialoguer officiellement avec lui. 

Les deux camps ont récemment cherché à jouer la carte de l’apaisement, notamment à l’occasion d’une réunion à huis clos qui s’est tenue en mai à Vienne entre le conseiller à la Sécurité nationale de la Maison Blanche, Jake Sullivan, et le chef de la diplomatie chinoise, Wang Yi. 

Le même mois, le directeur de la CIA, William Burns, s’est rendu à Pékin, et le ministre chinois du Commerce, Wang Wentao, est allé aux États-Unis. Début juin, ce dernier et son homologue chinois, Li Shangfu, se sont brièvement salués pour la première fois lors du dîner d’ouverture de la conférence Shangri-La de dialogue sur la défense à Singapour. 

«Les Etats-Unis estiment que des lignes de communication ouvertes avec la République populaire de Chine sont essentielles, en particulier entre nos responsables militaires et de la défense», a-t-il déclaré dans son allocution à cette conférence. «Plus nous parlerons, plus nous pourrons éviter les malentendus et les erreurs d’appréciation qui pourraient déboucher sur une crise ou un conflit», a-t-il ajouté. 

 

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