Les 216 membres du conseil national du Front des forces socialistes (FFS), réuni ce week-end en session extraordinaire, ont opté à l’unanimité pour la participation du parti à l’élection présidentielle anticipée du 7 septembre en présentant son propre candidat.
Ce dernier sera élu lors d’un congrès extraordinaire qui aura lieu dans les prochains jours. C’est ce qu’a déclaré Youcef Aouchiche, premier secrétaire national du parti, lors d’une conférence de presse animée hier à l’issue des travaux du conseil national. Interrogé sur l’identité ou le profil des potentiels candidats, Aouchiche affirme que «la liste des candidatures est ouverte et c’est au congrès extraordinaire de trancher cette question».
En décidant ainsi de participer à la prochaine échéance présidentielle, le FFS rompt avec la tradition de boycott qui aura duré deux décennies. La seule fois, en effet, où il avait participé à l’élection présidentielle, c’était en 1999. Son candidat, le président du parti, alors le défunt Hocine Aït Ahmed, s’était retiré de la compétition en compagnie de cinq autres candidats. Pour Aouchiche, la situation du pays a beaucoup évolué, la donne a changé et le FFS doit, selon lui, accompagner cette évolution «à l’heure actuelle, le boycott est synonyme de démission.
Ce qui est inacceptable pour nous. Malheureusement, aujourd’hui l’Algérien a démissionné de l’action politique, nous sommes passés de la défiance à la démission, ce qui est un danger pour le pays. Il faut donc trouver des mécanismes pour remédier à cela», avance-t-il. C’est ainsi que, pour le FFS, la prochaine échéance offre une opportunité d’une «remobilisation politique» pour «la reconquête des espaces politiques démocratiques».
Le leader du FFS pense qu’en «dépit des conditions contestables dans lesquelles elle se déroulera, la prochaine élection permettra à toutes les élites patriotiques, où qu’elles se trouvent, de sortir de leur passivité et d’agir pour éviter au pays de sombrer dans l’immobilisme et le statu quo».
Aussi il qualifie de «stratégique» la participation de son parti, mais dans la résolution finale sanctionnant les travaux du conseil national, il est mentionné que le FFS, «fidèle à son éthique politique et conscient de ses responsabilités historiques en ce moment crucial où se joue le destin de notre patrie, décide de participer au scrutin en présentant un candidat, si les conditions sont réunies». Invité à donner des précisions au sujet de ces «conditions», Aouchiche évoque les «entraves» liées à la collecte de signatures, le «parti pris de l’administration»...
«Nous souhaitions que l’ensemble de ce processus électoral soit engagé d’une façon sincère et dans le strict respect des lois de la République et surtout l’équité entre les candidats quel que soit leur poste ou grade», réclame-t-il.
La participation du plus vieux parti de l’opposition est motivée par trois raisons. Il s’agit de «préserver l’Etat national, de renforcer les institutions de la République et faire barrage à ceux qui veulent porter atteinte au pays, à son unité, sa souveraineté et sa stabilité, dans un contexte mondial et régional imprévisible et menaçant». Il est aussi question pour le parti de «réhabiliter le politique et la politique par le débat public, la confrontation saine des idées et des projets et susciter l’implication effective de nos concitoyens».
Et enfin le FFS prend part à la course à El Mouradia pour «offrir aux Algériens une alternative politique qui fera émerger un puissant pôle politique patriotique, progressiste, démocratique autour d’un projet de refondation des bases institutionnelles, politiques, économiques, sociales et culturelles du pays». A ce titre, Aouchiche appelle les Algériens à se mobiliser et à se saisir de cette échéance politique pour exprimer, à la fois, «leur profond attachement au pays et leur volonté de participer à la construction de l’Etat de droit démocratique et au développement économique du pays».