Avec une valeur sur le marché avoisinant les 66 milliards de dinars, la gestion des déchets d’emballage devra connaître un saut qualitatif avec la mise en place du dispositif Eco-Jem, estiment ses promoteurs. La directrice du développement et de l’économie verte à l’AND, Amel Asma, explique dans cet entretien l’importance d’associer les sociétés de production dans la gestion, la récupération et la valorisation de ces déchets.
- Le dispositif Eco-Jem est investi d’une mission d’intérêt général et consiste à organiser, superviser et accompagner le tri des déchets d’emballage en Algérie. Quel constat faite-vous aujourd’hui sur cette catégorie de déchets ?
Les déchets d’emballage représentent actuellement environ 30% de la quantité totale des déchets ménagers et assimilés en Algérie, soit environ 3,9 millions de tonnes par an, avec une valeur marchande estimée à 66 milliards de dinars annuellement. Bien que le recyclage des déchets d’emballage soit déjà une pratique courante en Algérie, le taux de valorisation de cette catégorie de déchets reste très faible, avec seulement 9,83% des déchets ménagers qui sont valorisés.
La majorité de ces déchets finissent dans les décharges et les centres d’enfouissement technique. Il est donc essentiel de renforcer l’ensemble de la chaîne de gestion des déchets d’emballage, en mettant en place des mesures et des mécanismes adéquats pour encourager le tri et augmenter le taux de valorisation.
Cela permettra à l’Algérie d’atteindre les objectifs de valorisation fixés dans la Stratégie Nationale de la Gestion Intégrée des Déchets à l’horizon 2035 (SNGID) et contribuera à la protection de l’environnement et à la promotion d’une économie circulaire durable.
- En principe, cette mesure fait obligation aux opérateurs économiques de prendre les mesures nécessaires pour assurer ou de faire assurer, à leurs frais, l’élimination écologique de leurs déchets. Comment prévoyez-vous cette adhésion ? Vos perspectives ?
En effet, le système de reprise et de traitement des déchets d’emballage Eco-Jem garantit la prise en charge des obligations réglementaires de ses adhérents pour l’organisation de la reprise et le traitement de leurs déchets d’emballage post-consommation.
Ce système est investi d’une mission d’intérêt public, visant à renforcer et à diversifier le financement local de la gestion des déchets d’emballage, ainsi que les campagnes de communication et de sensibilisation dédiées au tri à la source et à la prévention des déchets.
L’Agence nationale des déchets (AND) a consacré l’exercice de 2023 à la mise en œuvre opérationnelle de ce système, en suivant un plan d’intervention bien défini. L’adhésion de plusieurs opérateurs économiques à ce système permettra à l’AND de mettre en place progressivement, en étroite collaboration avec les acteurs concernés, des dispositifs de reprise et de valorisation des déchets d’emballage.
Nous sommes convaincus que cette mesure incitative encouragera les opérateurs économiques à prendre les mesures nécessaires pour assurer l’élimination écologique de leurs déchets d’emballage, contribuant ainsi à la protection de l’environnement et à la promotion d’une économie circulaire durable.
- Il s’agit d’un programme lancé en 2004, puis abandonné, quelles garanties avez-vous aujourd’hui pour sa parfaite adoption par les opérateurs ?
Depuis la promulgation du cadre réglementaire régissant le système Eco-Jem, l’AND a mené plusieurs activités et programmes visant à introduire et à organiser la reprise et la valorisation des déchets d’emballage.
L’AND a également développé différents documents et instruments pour faciliter la mise en place et la gestion de ce système, tels que la conception et la gestion de bases de données relatives aux opérateurs concernés, une grille tarifaire pour les droits d’adhésion et de contribution, une plateforme numérique pour la gestion des déclarations des générateurs et détenteurs des projets de contrats avec les générateurs et détenteurs et les prestataires de services, ainsi que des scénarios de base pour le fonctionnement de ce système.
L’AND dispose, aujourd’hui, des compétences nécessaires pour atteindre les objectifs escomptés en matière de prise en charge des obligations réglementaires de ses adhérents pour une organisation efficace de la filière de déchets d’emballage.
Nous sommes confiants que les opérateurs économiques adhéreront à ce système, car il offre une solution pratique et rentable pour l’élimination écologique de leurs déchets d’emballage, contribuant ainsi à la protection de l’environnement et à la promotion d’une économie circulaire durable.