Alors que l'Occident a de plus en plus de mal à assumer les crimes de guerre d'Israël : Le soutien actif de l'Amérique latine aux Palestiniens

05/11/2023 mis à jour: 05:02
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Les atrocités que commet l'armée israélienne dans la Bande de Ghaza depuis près d'un mois, atteignant de tels plafonds de barbarie que l'embarras atteint de plus en plus ses soutiens occidentaux. 

C'est du moins ce que laisse penser le changement du discours dans plusieurs capitales européennes, jusque-là toutes arcboutées sur le principe du «droit d'Israël à se défendre». 

La gêne atteint également le plus grand parrain de Tel-Aviv, les Etats-Unis, dont les dirigeants ont de plus en plus de mal à assumer les menées génocidaires de l'armée israélienne dans l'enclave, et la profusion d'images d'horreur qui en parviennent et se diffusent dans le monde. 

Selon des comptes-rendus de presse, publiés ces derniers jours par les plus prestigieuses institutions médiatiques à Washington, Anthony Blinken ne s'est pas rendu à Tel-Aviv sans un message clair du président Joe Biden à Benyamin Netanyahu et son gouvernement : les massacres perpétrés sans cesse contre les civils à Ghaza sont en train de profondément ternir l'image d'Israël dans le monde et vont avoir un impact stratégique sur l'action de son armée, y compris celle dirigée contre le Hamas, écrit le network CNN, sur le site électronique hier. Le média, citant des responsables américains, poursuit que l'administration de la Maison-Blanche considère que le point de basculement dans l'opinion mondiale en faveur d'une condamnation des exactions menées à Ghaza et des désastres humanitaires générés était éminent et que Tel-Aviv avait intérêt à revoir rapidement sa façon d'opérer sur place.

 Enfin, Biden aurait informé de même Benyamin Netanyahu que son administration est sur le point de céder à de fortes pressions en interne, mais aussi à l'extérieur, pour l'amener à retirer un pan de couverture à son protégé au Moyen-Orient. L'émissaire Anthony Blinken a transmis le message, vendredi, à Tel-Aviv en appelant à prendre des «mesures concrètes pour épargner les civils». 

La réponse de Benyamin Netanyahu est venue immédiatement : «Israël refuse toute trêve temporaire sans la libération préalable des otages.» Tel-Aviv s'autonomise-t-il par rapport à son parrain au point de rejeter ses recommandations dans le conflit ? 

Le gouvernement Netanyahu et l'administration Biden se partagent-ils les rôles, pour mieux affronter le contexte ? Il est fort probable en effet que Washington éprouve le besoin aujourd'hui d'afficher l'image d'une diplomatie qui s'oppose à la façon de faire de l'armée israélienne à Ghaza, pour taire des oppositions en gestation en interne et des condamnations à l'étranger, tout en continuant à laisser faire sur le terrain. 

Le président français tente, pour sa part, de rééquilibrer ses positions aux yeux de l'opinion après le soutien ouvertement affiché à Tel-Aviv  et son silence sur les massacres des civils dans l'enclave palestinienne. Emmanuel Macron a annoncé avant-hier la tenue d'une «conférence humanitaire» dédié à recueillir des aides au profit de la population de Ghaza, le 9 novembre à Paris. 

Dans un communiqué, le ministère français des Affaires étrangères fait le constat que «la situation humanitaire à Ghaza est critique» et nécessite la mobilisation d'une aide conséquente et urgente. Un peu tard tout de même, puisque cela fait des semaines que l'ONU et ses agences sont sur place, des ONG…ont multiplié les alertes sur les souffrances extrêmes infligées aux Ghazaouis par le siège criminel israélien. Paris tente ainsi, par les faits, d'appuyer la demande d'une «trêve humanitaire» pour Ghaza.

 La France, pour rappel, fait partie des pays occidentaux qui ont voté favorablement la Résolution de la dernière Assemblée générale de l'ONU, appelant à une cessation temporaire des opérations militaires. 

L'alignement sans nuance sur les thèses et politiques israéliennes dans le contexte de la guerre contre l'enclave palestinienne semble avoir fait son temps et la pression sans cesse croissante des opinions, de plus en plus choquées par les images d'horreur qui parviennent du terrain des opérations, y est certainement pour quelque chose. 
 

La Bolivie, la Colombie et le Chili montrent la voie

C'est sans doute dans cet esprit qu'il faut inclure la levée des interdictions préfectorales sur les manifestations propalestiniennes à Paris, décidée récemment par le Tribunal administratif. Hier encore, des manifestations appelant à cesser les hostilités  étaient prévues dans la capitale Paris ainsi que dans plusieurs autres villes françaises.

Fidèles à une tradition de lutte, marquée globalement par des idéaux révolutionnaires de gauche, plusieurs Etats de l'Amérique latine sont en train de donner un prolongement diplomatique concret à leur soutien aux Palestiniens. Il y a trois jours, la Bolivie annonçait la rupture de ses relations avec l'Etat hébreu, en réaction à ses crimes commis à Ghaza, devenant ainsi le premier pays dans le monde entretenant des liens diplomatiques avec Tel-Aviv à y renoncer unilatéralement. «Nous exigeons la fin des attaques qui ont causé jusqu'à présent des milliers de morts civils et le déplacement forcé de Palestiniens», a expliqué la secrétaire générale de la présidence bolivienne, annonçant la levée d'aide humanitaire à l'intention des populations. 

Evo Morales, du temps où il présidait aux destinées du pays, avait montré la voie en 2009, en décidant de couper le cordon diplomatique avec Tel-Aviv, toujours dans le propos d'une autre salle guerre faite à Ghaza. 

L'emblématique leader, depuis sa retraite, trouve d'ailleurs «tardive» la réaction du gouvernement actuel de La Paz, jugeant que la décision aurait dû intervenir aux premiers jours de la campagne sanguinaire israélienne.

 Le Chili n'est pas loin, pour sa part, d'une décision aussi radicale. Santiago s'élève contre «les violations inacceptables du droit international humanitaire commises par Israël dans la Bande de Ghaza» et exige «la fin immédiate des hostilités, ce qui permettra le déploiement d'une opération de soutien humanitaire pour venir en aide aux centaines de milliers de personnes déplacées à l'intérieur du pays et aux victimes civiles». 

En signe de protestation, le gouvernement chilien a rappelé son ambassadeur à Tel-Aviv «pour consultations».La Colombie a fait de même : «J'ai décidé de convoquer notre ambassadeur en Israël pour consultations. Si Israël ne met pas fin au massacre contre le peuple palestinien, nous ne pourrons pas rester dans ce pays», a tweeté, mercredi dernier, le président colombien, Gustavo Petro, dénonçant fortement «les massacres commis par Israël contre les Palestiniens». En Argentine et en Equateur, des milliers de personnes sortent régulièrement également en soutien à la Palestine et pour condamner l'acharnement de l'armée israélienne sur Ghaza. 

Enfin, on connaît les efforts faits par le Brésil de Lula da Silva pour faire adopter, le 18 octobre dernier, au Conseil de sécurité de l'ONU, une résolution au profit, au moins, de «pauses humanitaires» dans l'enclave palestinienne. «Il semble que Netanyahu ait oublié que Ghaza ne comprend pas seulement des combattants du Hamas, mais aussi des femmes et des enfants», s'est emporté le président brésilien lors d'une conférence de presse tenue il y a une semaine. Lula va jusqu'à refuser de considérer le Hamas comme mouvement «terroriste», tel que veulent l'imposer le logiciel d'Israël et ses alliés occidentaux. 

«La position du Brésil est claire : le Brésil ne reconnaît que les organisations terroristes considérées par le Conseil de sécurité des Nations unies, et le Hamas n'est pas reconnu par le Conseil comme une organisation terroriste», a-t-il tranché. 
 

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