Alors que les discussions autour d’une trêve amorcées par la réunion de Paris puis poursuivies au Caire n’ont rien donné, l’entité sioniste a menacé de lancer une vaste offensive sur Rafah, si les otages détenus à Ghaza ne sont pas libérés d’ici au début du Ramadhan.
Pas moins de neuf massacres ont été commis par l’occupant sioniste en vingt-quatre heures, entre dimanche soir et lundi matin, au 136e jour de la guerre punitive que livre Israël contre la population de Ghaza, a indiqué hier le ministère de la Santé de la Bande de Ghaza. Ces massacres ont fait 107 morts et 145 blessés.
Cela porte le bilan des victimes des frappes israéliennes à 29 092 morts et plus de 69 000 blessés, indique la même source. L’aviation israélienne soutenue par l’artillerie a mené des frappes nocturnes, dans la nuit de dimanche à lundi, contre une zone d’habitation à Haï Al Zaytoun dans la ville de Ghaza, touchant au moins trois maisons. Cette attaque a fait de nombreuses victimes, entre morts et blessés, d’après l’agence d’information palestinienne.
Au centre de la Bande de Ghaza, des attaques aériennes couplées à des tirs d’artillerie ont semé sauvagement la mort dans plusieurs secteurs : Deir El Balah, Nusseirat, Al Zawaida, El Bureij ou encore au camp d’El Maghazi.
Ces raids ont fait en tout 10 morts et des dizaines de blessés, poursuit Wafa. Dans le Sud, la situation reste extrêmement tendue à Rafah avec l’imminence de l’offensive terrestre que maintient coûte que coûte Israël malgré les appels incessants à la retenue.
En attendant le déclenchement de cette opération, les forces d’occupation continuent à bombarder plusieurs sites du gouvernorat de Rafah. Hier, des frappes aériennes ont ciblé deux habitations de Haï Shaboura, au cœur de la ville frontalière avec l’Egypte. Simultanément, des navires de guerre ont pilonné les camps de déplacés situés à l’ouest de Rafah.
Situation toujours tendue à l’hôpital Al Nasser
Au sud de la Bande de Ghaza toujours, la situation demeure très préoccupante à Khan Younès avec l’acharnement des troupes israéliennes sur les hôpitaux de la ville. «Les forces de l’occupant israélien poursuivent leurs opérations militaires à l’intérieur de l’hôpital Al Nasser, dans la ville de Khan Younès», rapportait Wafa hier, précisant que «jusqu’à maintenant, 8 patients sont décédés au sein de l’hôpital du fait des coupures de courant et de l’interruption des appareils de respiration artificielle».
La même source informe que «l’artillerie de l’occupant a pilonné l’enceinte de l’hôpital El Amal». Et d’ajouter que «des blindés ont pénétré dans l’hôpital algérien spécialisé à Abssane, à l’est de Khan Younès».
Le ministère de la Santé de Ghaza a alerté que 150 malades étaient livrés à eux-mêmes à l’hôpital Al Nasser et «ne peuvent pas bouger». «Ils sont entassés dans les chambres et les couloirs de l’ancien bâtiment de l’hôpital après l’arrestation de 70 cadres administratifs et membres du personnel médical», déplore-t-il dans un communiqué.
Parmi les patients, «7 sont en soins intensifs, 5 suivent des séances d’hémodialyse» et d’autres se trouvent dans un état critique. «Il y a des grands brûlés, des amputés, des tétraplégiques, ainsi que des parturientes» en instance d’accouchement.
Dans le lot, il y a aussi des enfants, précise la même autorité. Selon Al Jazeera, au moins 5 bébés prématurés sont décédés dans la pouponnière de l’établissement dévasté. En outre, l’un des cadres dirigeants de ce même hôpital a été arrêté. «Dimanche soir, les forces d’occupation ont arrêté le Dr Nahed Abu Taima, directeur de l’hôpital chirurgical du complexe Al Nasser à Khan Younès», rapporte le Centre palestinien d’information.
Al Sissi opposé à tout déplacement forcé vers l’Égypte
Devant cette situation humanitaire désastreuse et le danger qui pèse sur les malades retenus en otage dans l’hôpital saccagé, l’OMS est intervenue pour faire évacuer les cas les plus urgents. Les équipes de l’Organisation mondiale de la santé ont réussi à évacuer 14 patients et les transférer vers d’autres hôpitaux du sud de la Bande de Ghaza, assurent les autorités sanitaires palestiniennes.
L’OMS poursuit ses efforts en vue d’évacuer l’ensemble des malades se trouvant à l’hôpital Al Nasser. «136 malades et 25 membres du personnel médical sont séquestrés dans l’hôpital, sans nourriture, sans eau et sans électricité» dénonce le département de la Santé du gouvernement de Ghaza.
De son côté, le Croissant-Rouge palestinien ne cesse d’attirer l’attention sur une autre structure assiégée : l’hôpital El Amel dont il assure la gestion, toujours dans la ville de Khan Younès.
L’hôpital souffre notamment d’une pénurie de carburant qui risque de provoquer l’arrêt des générateurs électriques, ce qui aura des conséquences gravissimes sur la vie des malades. Le Croissant-Rouge palestinien rappelle que l’hôpital El Amel est assiégé depuis 28 jours et prévient que les malades sont au bord de la famine.
Alors que les négociations sont au point mort et que tous les espoirs d’une trêve se sont visiblement évaporés, Israël a menacé de lancer une vaste offensive sur Rafah, si les otages détenus dans la Bande de Ghaza ne sont pas libérés d’ici au début du mois de Ramadhan, soit autour du 10 mars, rapporte l’AFP. Quid du sort des 1,4 million de Palestiniens massés dans la ville de Rafah ?
L’opération se ferait en concertation avec les «partenaires américains et égyptiens», «en facilitant l’évacuation des civils» pour «minimiser (...) autant que possible le nombre de victimes», a assuré Benny Gantz, membre du cabinet de guerre israélien, cité par l’AFP. Samedi, le président égyptien Abdel Fattah Al Sissi a eu un entretien téléphonique avec Emmanuel Macron et les deux parties ont exprimé leur ferme opposition à «tout déplacement forcé de la population vers l’Egypte».
Amnesty appelle à mettre fin à l’occupation
Par ailleurs, Amnesty International a appelé hier, à travers un communiqué, la communauté internationale à mettre fin à l’occupation de la Palestine. «Il faut qu’Israël cesse d’occuper violemment Ghaza et la Cisjordanie, y compris Jérusalem-Est, comme il le fait depuis 1967», a déclaré l’ONG, «alors que les audiences publiques ont débuté à la Cour internationale de justice (CIJ) sur les conséquences juridiques de l’occupation prolongée par Israël».
«Le monde doit comprendre que mettre fin à l’occupation israélienne illégale est une condition préalable pour la cessation des violations répétées des droits humains en Israël et dans les territoires palestiniens occupés», a souligné la secrétaire générale d’Amnesty International, Agnès Callamard.
«L’occupation israélienne de la Palestine est la plus longue occupation militaire et l’une des plus meurtrières au monde», fait-elle remarquer, avant d’ajouter : «Pendant des décennies, cette occupation a été caractérisée par des violations systématiques et généralisées des droits des Palestiniens.
Cette occupation a également permis et consolidé le régime d’apartheid israélien imposé aux Palestiniens.» L’oppression coloniale israélienne «a atteint des niveaux de cruauté sans précédent dans la Bande de Ghaza, où Israël maintient un blocus illégal depuis 16 ans, encore renforcé depuis le 9 octobre 2023», relève l’organisation de défense des droits humains.
«Le blocus, combiné aux opérations militaires israéliennes répétées, a plongé la Bande de Ghaza dans l’une des crises humanitaires et des droits de l’homme les plus graves de notre époque moderne», poursuit l’ONG.
Mettre fin à l’occupation sioniste, estime Amnesty International, «signifierait restaurer les droits des Palestiniens en levant le blocus brutal imposé à Ghaza, en démantelant les colonies israéliennes en Cisjordanie, y compris à Jérusalem-Est, et en mettant fin à l’annexion illégale de Jérusalem-Est».
«Tous les pays doivent revoir leurs relations avec Israël pour s’assurer qu’elles ne contribuent pas à la perpétuation de l’occupation ou du système d’apartheid. Alors que les ministres européens des Affaires étrangères se réunissent aujourd’hui (hier, ndlr) à Bruxelles, la nécessité de lancer un appel clair et uni pour mettre fin à l’occupation israélienne est plus urgente que jamais», plaide Agnès Callamard.