Les pays en développement connaissent toujours un retard criant dans l’exportation des services, au moment où ces derniers catalysent la croissance.
Un nouveau rapport d’ONU commerce et développement (ex-Cnuced) s’est penché sur la question et n’a pas omis d’indiquer la voie à suivre pour les pays en développement pour rattraper leur retard. Selon les experts de cette organisation internationale, l’essor des services incite les pays en développement à ne pas se contenter d’exporter des produits manufacturés et à favoriser la croissance de la productivité dans l’ensemble du système économique.
D’autant plus, notent-ils, que «les exportations de services, qui représentent aujourd’hui 25% du commerce mondial, constituent un point positif dans un contexte économique mondial morose». L’avènement d’une économie de services pourrait changer la donne pour les pays en développement, mais cela ne va pas sans difficultés, indique le rapport. Actuellement, les économies en développement représentent moins de 30% des recettes mondiales d’exportation de services et 44% du commerce de marchandises, selon la même source.
Cependant, et étant donné que le commerce actuel des services ne permet pas de créer suffisamment d’emplois de qualité dans les pays en développement, l’ex-Cnuced souligne la nécessité d’un changement de politique en faveur d’une transition écologique et de la promotion d’activités à forte intensité de main-d’œuvre dans le secteur des services.
A cette fin, le rapport recommande une stratégie en trois volets pour développer l’emploi productif dans les services, en mettant l’accent sur les points suivants : encourager la création d’emplois peu qualifiés par les grandes entreprises dans les services non échangeables ; fournir aux petites entreprises des intrants publics et l’accès à des investissements permettant d’améliorer la productivité.
Enfin, il est recommandé aussi d’investir dans des technologies qui complètent plutôt qu’elles ne remplacent les travailleurs peu qualifiés du secteur des services. Selon les données du rapport, en 2023, le commerce des services a augmenté de 5% en termes réels, contrastant avec une contraction de 1,2% du commerce des marchandises, selon le Rapport sur le commerce et le développement 2024.
Le fossé Nord-Sud risque de s’élargir
«En tant que stratégie de développement, les services gagnent du terrain par rapport à l’industrie manufacturière, qui est depuis longtemps le moteur de la croissance des pays à revenu intermédiaire», souligne-t-on. «Cela s’explique en grande partie, note le rapport, par le fait que l’avantage comparatif d’une main-d’œuvre moins chère et moins qualifiée ne correspond plus à la dépendance de l’industrie manufacturière moderne à l’égard d’une production à forte intensité de compétences et de capital.» En outre, «l’industrialisation est de plus en plus scrutée en raison de son importante empreinte écologique et de sa contribution au changement climatique», a-t-on ajouté.
Et d’indiquer que les services et les actifs incorporels – tels que les marques, les dessins et les technologies brevetées –, qui prennent de l’importance dans les chaînes de valeur mondiales, pourraient voir les asymétries entre les régions développées et les régions en développement s’aggraver.
La concentration du marché des services créatifs, évalué en 2022 à 1400 milliards de dollars, et dont les 4/5es provenaient des pays développés, en est un bon exemple, selon la même source. Cette prédominance se manifeste également dans la géographie des entreprises multinationales fournissant des services internationaux. En 2022, 70% de ces entreprises avaient leur siège dans les régions développées, contre seulement 10% dans les régions en développement, à l’exclusion de la Chine.