Les dirigeants de l’armée et des forces paramilitaires en guerre au Soudan ont convenu d’une trêve de sept jours, du 4 au 11 mai, lors d’un entretien téléphonique avec le président sud-soudanais, Salva Kiir. C’est ce qu’a annoncé hier le ministère sud-soudanais des Affaires étrangères, relayé par l’AFP.
«Le général Abdel Fattah Al Burhane (...) et le général Mohamed Hamdane Daglo (...) ont convenu en principe d’une trêve de sept jours du 4 au 11 mai», a annoncé le ministère dans un communiqué. Les chefs des deux camps ont accepté de désigner leurs représentants qui participeront aux pourparlers de paix. Les négociations se dérouleront dans le lieu choisi par les deux parties. Cette annonce intervient alors que les combats se poursuivent entre les deux belligérants en guerre pour le pouvoir.
Plus de 500 personnes ont été tuées, principalement à Khartoum et au Darfour (ouest), et des milliers blessées, selon un bilan largement sous-évalué. Une nouvelle trêve, violée dès son début, doit s’achever aujourd’hui à minuit. Elle permet néanmoins la poursuite des évacuations, la Russie et le Pakistan ayant annoncé hier le départ de centaines de leurs ressortissants.
Plus de 330 000 personnes ont été déplacées et 100 000 sont parties vers les pays voisins, selon l’ONU, qui s’attend à huit fois plus de réfugiés. Ceux qui restent endurent des pénuries d’eau, d’électricité et de nourriture à Khartoum.
Déclenché le 15 avril, le conflit entre les généraux Abdel Fattah Al Burhane, chef de l’Etat et de l’armée, et son numéro deux, Mohamed Hamdane Daglo, dit Hemedti, à la tête des paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR), a plongé le pays dans une «véritable catastrophe», selon l’ONU qui n’a reçu «que 14%» des fonds réclamés cette année : 1,5 milliard de dollars manque à l’appel.
Les deux généraux devaient se voir le 15 avril, mais ils ont préféré faire parler les armes, a indiqué récemment V. Perthes.Les deux hommes ont fait front commun en 2021 pour évincer par un putsch les civils, avec lesquels ils partageaient le pouvoir depuis la chute du dictateur Omar El Béchir deux ans plus tôt. Mais des divergences sont ensuite apparues pour se transformer en guerre ouverte lorsque les rivaux en treillis n’ont pas réussi à s’entendre sur l’intégration des FSR dans l’armée.
Divergences
Le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, a «réitéré le soutien des Etats-Unis» aux efforts diplomatiques pour «mettre fin au conflit» et assurer «un accès humanitaire sans entrave». Après les autorités saoudiennes, un émissaire du général Al Burhane a rencontré les autorités égyptiennes au Caire, où la Ligue arabe discute du Soudan depuis lundi. Mais l’Union africaine (UA) a appelé à «éviter les incohérences d’une action dispersée». «Notre priorité aujourd’hui est de faire respecter et prolonger le cessez-le-feu», a assuré le président de la Commission de l’UA, Moussa Faki. L’objectif est «la reprise du processus politique dans le pays», a-t-il ajouté, relevant l’importance «de travailler ensemble».
«Plus nous prenons de temps à coordonner nos efforts, plus nous perdons des chances de contribuer à résoudre cette crise», a approuvé l’Éthiopien Ismail Wais, représentant de l’IGAD, bloc régional de l’Afrique de l’Est. Depuis Nairobi, le responsable de l’ONU pour les Affaires humanitaires, Martin Griffiths, tente de négocier l’entrée de l’aide, alors que les bombardements et les pillages n’ont épargné ni les hôpitaux ni les organisations humanitaires.
L’aide parvient toutefois au compte-gouttes : MSF a acheminé «dix tonnes» de fournitures médicales hier après six conteneurs de l’OMS et un avion de la Croix-Rouge. La situation est plus critique encore au Darfour-Ouest, frontalier du Tchad, où les violences ont fait, selon l’ONU, une centaine de morts, depuis la semaine dernière, dans cette région traumatisée par une guerre sanglante dans les années 2000.