Après la table ronde dédiée à la restructuration de la dette des pays les plus endettés, tenue la semaine dernière en présence des principaux pays créanciers, dont la Chine, et des représentants des créanciers privés et la Zambie, l’un des pays concernés par les discussion en la matière, depuis plus de deux ans, le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale (BM) ont ouvert officiellement le 13 avril leurs réunions conjointes de printemps.
Des réunions qui interviennent dans un contexte mondial difficile marqué par les incertitudes sur le plan économique et les craintes sur l’accentuation de l’impact de la guerre en Ukraine sur les échanges commerciaux. Si du côté de la BM, l’espoir est affiché quant à une «convergence sur la manière de renforcer la capacité financière» de l’institution, du côté du FMI, les craintes ne manquent pas sur le risque de voir une fragmentation de l’économie mondiale se transformer en «seconde guerre froide».
En effet, les principaux membres de la BM se sont entendu pour donner une capacité de financement supplémentaire de 50 milliards de dollars, sur les dix prochaines années, à la banque et ses filiales, alors que le FMI, via sa directrice générale Kristalina Georgieva, n’a pas caché sa crainte de voir le monde entrer dans une «seconde guerre froide».
«Nous espérons arriver à un mémorandum sur le sujet (restructuration de la dette, ndlr) rapidement», a souligné le président de la BM, David Malpass, sortant en juin prochain. «C’était l’objectif de ce processus et nous espérons y parvenir cette semaine ou la prochaine». «Je pense que la Chine s’est montrée plus réceptive concernant ce qui pouvait être discuté», a-t-il estimé. Et d’ajouter : «Si nous parvenons à accélérer le rythme des discussions, certains des problèmes seront moins lourds pour les pays concernés.» Reste que les négociations sont complexes car il s’agit, «au final, de changer les conditions du contrat de dette, en modifiant le taux ou en étendant la maturité ou le montant à rembourser, afin de rendre la dette du pays plus soutenable», un processus long, a rappelé le président de la BM.
«La question est de savoir si l’on peut en faire plus en termes de sécurisation des approvisionnements sans pousser trop loin au risque de nous retrouver dans une seconde guerre froide», a insisté pour sa part la DG du FMI, reprise par les agences. Selon la directrice du FMI, une «fragmentation du commerce mondial nous coûterait entre 0,2 et 7%» du PIB mondial sur le long terme, en fonction du degré de séparation des différents blocs. «Nous pouvons rationnellement accepter un certain degré de fragmentation et les coûts qui vont avec pour l’économie mondiale, mais il importe de les contenir. Si nous ne parvenons pas à rester rationnels, les peuples un peu partout en payeront le prix, il faut donc garder la tête froide», a souligné Mme Georgieva dans ce cadre.