Elle figure dans la liste des décisions prises à l’issue de la visite, dimanche à Alger, du ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot.
L’Algérie et la France s’entendent sur la reprise de leur coopération judiciaire, mise à mal par de longs mois de crise diplomatique entre les deux. Lors de sa déclaration à l’issue de l’audience que lui a accordée le président Abdelmadjid Tebboune, le chef de la diplomatie française a fait deux annonces dans ce sens.
La première concerne la visite que devra effectuer son collègue de la Justice, Gérald Darmanin, en Algérie. La deuxième, très significative, concerne l’invitation devant être adressée par les autorités algériennes au Parquet financier français pour examiner le dossier des «biens mal acquis». Jean-Noël Barrot ne s’est pas étalé sur le sujet et n’a pas fourni plus de détails sur cette décision. Mais, il semble que les deux pays ont trouvé un accord pour traiter l’un des sujets de discorde : les commissions rogatoires introduites par l’Algérie pour récupérer les fonds transférés illégalement à l'étranger. Cette question sera-t-elle enfin traitée ? Wait and see.
Pour rappel, le gouvernement algérien avait dénoncé, le 20 mars dernier, l’absence de coopération judiciaire de la partie française.
Dans un communiqué rendu public suite à la décision de la justice française de ne pas extrader l’ancien ministre de l’Industrie, Abdessalem Bouchoureb, le ministère des Affaires étrangères a déploré «l’attitude de gouvernement français». «Le gouvernement algérien a pris acte de la décision de la justice française d’opposer une fin de non-recevoir à la demande d’extradition de Abdessalem Bouchouareb, condamné par la justice algérienne dans de multiples affaires de corruption, de malversation et de trafic d'influence, causant au trésor algérien des pertes considérables», avait indiqué le document.
«Tergiversations et atermoiements injustifiés»
Et d’ajouter : «Sans préjudice du recours à d'autres voies de droit encore possibles, le gouvernement algérien saisit cette occasion pour relever l'absence totale de coopération du gouvernement français en matière d’entraide judiciaire, en dépit de l’existence de nombreux instruments juridiques internationaux et bilatéraux prévus à cette fin», avait précisé la même source.
Le ministère des Affaires étrangères avait révélé, pour la première fois, les «tergiversations» de la partie française concernant 25 commissions rogatoires introduites afin de récupérer les biens transférés illégalement à l'étranger. «Dans le cadre de ses efforts visant à récupérer toutes les richesses dont elle a été spoliée, l’Algérie s’est systématiquement heurtée et se heurte toujours à des tergiversations et à des atermoiements injustifiés et inexplicables de la partie française qui ont abouti à une absence totale de réponses à 25 commissions rogatoires introduites par l’Algérie», avait précisé la même source.
Pour l’Algérie, ajoute-t-on, «cette attitude française se singularise par rapport à celle d’autres partenaires européens qui coopèrent de manière sincère, loyale et sans arrière-pensée avec les autorités algériennes sur ce dossier des biens mal acquis dont ils connaissent la sensibilité extrême pour l'Algérie».
Dans le cadre de l’effort visant à récupérer les fonds pillés sous le régime du président déchu Abdelaziz Bouteflika, l'Algérie a lancé 220 commissions rogatoires et demandes d’entraide judiciaire à plus de 30 pays. Madjid Makedhi