L’Algérie tient à la récupération des archives et d’autres objets historiques spoliés par le colonialisme français.
La Commission mixte d’historiens algériens et français chargée du dossier de la mémoire tiendra, à partir d’aujourd’hui à Alger, sa cinquième rencontre de travail depuis sa mise en place au début de l’année 2023. Cette rencontre, devant durer cinq jours, sera une occasion pour les membres de cette instance d’avancer dans le traitement des axes du travail arrêtés depuis leur deuxième réunion tenue à Constantine.
Certes la commission ne s’est pas fixé un délai pour terminer sa mission sur cette question épineuse qui mine les relations entre l’Algérie et la France, mais les historiens tenteront de finaliser le dossier en prévision de la prochaine visite du chef de l’Etat en France.
Selon plusieurs sources, la réunion entre les deux parties sera d’abord précédée d’une série de visites dans des lieux historiques en Algérie, durant la période allant du 21 au 23 mai, comme ce fut le cas pour la précédente qui s’est tenue à Paris. Les deux délégations algérienne et française devront visiter également des musées, des lieux de mémoire, comme La Casbah d’Alger, ainsi que des lieux où ont lieu les enfumades durant le XIXe siècle.
Ce nouveau rendez-vous sera aussi une opportunité pour dissiper les malentendus entre les deux parties, surtout que les «Français commencent à comprendre l’importance de la mémoire chez nous». L’Algérie, rappelons-le, tient à la récupération des archives et d’autres objets historiques spoliés par le colonialisme français. Pour rappel, la commission a traité ce lourd dossier de la restitution à la partie algérienne de biens appartenant à l’Emir Abdelkader, à Ahmed Bey et à d’autres personnalités algériennes. Elle a notamment cité «l’épée, le burnous, le Coran, la tente et les canons de l’Emir Abdelkader, la tente d’Ahmed Bey, la clé et les étendards de Laghouat».
Dans son communiqué rendu public en février dernier, la commission propose d’abord des solutions pour la question des archives. Elle a conclu à la «restitution de 5 mètres linéaires d’archives de l’Algérie à l’époque ottomane, ainsi que la remise de 2 millions de documents numérisés des archives nationales d’outre-mer». «Tout comme elle s’est attelée à définir la période, la nature et la typologie de ces archives et documents numérisés.
La commission s’est également accordée sur la nécessité et l’utilité de définir un ordre de priorités dans la numérisation des fonds d’archives, à commencer par les archives militaires et diplomatiques du XIXe siècle», a souligné le communiqué, ajoutant que certaines archives «progressivement découvertes et numérisées, pourraient faire l’objet de publications scientifiques».
Jusque-là, les autorités françaises refusaient la restitution des biens des résistants algériens, dont particulièrement l’épée et les canons de l’Emir Abdelkader. «La commission se félicite de la proposition faite par des musées français, comme le Quai de Branly ou le Louvre, de réaliser un inventaire des items provenant d’Algérie», avait indiqué la commission. Les deux parties avaient aussi proposé la «réalisation des expositions sur l’histoire de l’Algérie au XIXe siècle à partir des fonds présents dans les musées en France et en Algérie».
Concernant la chronologie, a ajouté le même document, la commission «préconise de poursuivre l’élaboration d’une chronologie sur les différents aspects militaires, politiques, économiques, sociaux et culturels tout au long de la période coloniale (1830-1962), en commençant par le XIXe siècle». Concernant les cimetières des prisonniers algériens décédés et enterrés en France, la commission a recommandé «leurs recensements et la valorisation de ces lieux de mémoire par l’apposition des plaques commémoratives dans une douzaine de lieux».